Pierre Lantier saisit sa peau d’orange
ronde et rugueuse à pleines mains. Puis il la pince tandis qu’il s’observe dans
la glace au-dessus du confiturier de la cuisine. Nu sous un tablier en serge
bourgogne – à l’exception d’une paire de vieilles espadrilles –, il se demande
pourquoi cette écorce est tant décriée, quand par cette canicule qui démarre le
mois de juillet son zest incorporé au sirop d’un litre de sorbet aux abricots
est le bienvenu.
L’économe bien tenu, il dépèce la
surface du fruit en lanières minuscules, s’applique et tire la langue. Il se jette
un dernier coup d’œil dans le miroir, vide l’appareil aux toilettes, et avant de
nettoyer son plan de travail court à son ordinateur où le site de Facebook lui
signale qu’il a un nouvel ami.
Illustration carottée chez E. Poindron