Un zest vain

Publié le 22 juin 2008 par Loïs De Murphy

Pierre Lantier saisit sa peau d’orange ronde et rugueuse à pleines mains. Puis il la pince tandis qu’il s’observe dans la glace au-dessus du confiturier de la cuisine. Nu sous un tablier en serge bourgogne – à l’exception d’une paire de vieilles espadrilles –, il se demande pourquoi cette écorce est tant décriée, quand par cette canicule qui démarre le mois de juillet son zest incorporé au sirop d’un litre de sorbet aux abricots est le bienvenu.
L’économe bien tenu, il dépèce la surface du fruit en lanières minuscules, s’applique et tire la langue. Il se jette un dernier coup d’œil dans le miroir, vide l’appareil aux toilettes, et avant de nettoyer son plan de travail court à son ordinateur où le site de Facebook lui signale qu’il a un nouvel ami.

Illustration carottée chez E. Poindron