Reprenons, reprenons.
Je rappelle que dans l'épisode précédent, Fyfe avait risqué sa vie sur un engin nommé "vélo elliptique" (dieu que mes lecteurs sont cultivés, merci les lecteurs, hein).
A ce stade, j'imaginais trouver un peu de sérénité du côté des machines avec des poids. Des machines qui ne communiquent pas avec moi, qui ne posent pas de questions désagréables, et qui, à priori, ne risquent pas de m'éjecter sans sommation.
Sauf que.
Sauf que les machines, elles ne ressemblent à rien.
Il s'agit manifestement d'un petit jeu très rigolo, appelons le "le puzzle de corps" par exemple, ou plutôt le "body puzzle", c'est plus dans l'ambiance du cloub.
Alors comment joue t'on au body puzzle ?
C'est simple, d'un côté nous avons des poids, des poulies, et des parties rembourrées, qui appartiennent à la machine.
De l'autre, nous avons des bras, des jambes, des fesses, et des parties rembourrées, qui appartiennent à moi.
Il s'agit de trouver les concordances entre les deux parties.
En fait, ça ressemble un peu à ce jeu-là ("twister") :
mais tout seul, et sans les consignes, pour laisser libre cours à sa créativité.
Autant vous dire que j'ai été hyper créative. Sans doute trop pour cette société conformiste, si j'en crois les regards suspicieux, voire choqués, de mes collègues de cloub.
En même temps, soulever les poids avec ses mollets ou avec ses bras, quelle importance, tant que le coeur y est ? Non ? Ah si, quand même ?
Bon, ok, je vais prendre ma douche, ça au moins, je maîtrise assez bien, comme mouvement.
Avant la sortie, reste une étape importante : le passage à l'accueil pour faire le chèque (le GROS chèque), et rendre le cadenas à code.
Cette fois c'est une jeune fille derrière le comptoir.
(Je soupçonne l'homme canon d'être allé se pendre après avoir observé de loin ma prestation du jour au cloub) (si, si, ça peut faire cet effet là).
Quand je lui tends le cadenas, elle ouvre de grands yeux :"Haaaaaaan, vous avez réussi à le faire marcher ce cadenas ???? Non parce que moi je ne connais même pas le code !!"
Hum.
A ce stade, il aurait été de bon ton de lui expliquer que le code, on le CHOISIT.
Mais après une heure dans la salle de sport, mes neurones avaient dû partir en goguette, parce que la seule réponse qui m'est venue, c'est "Le code, c'est 374 !".
Cette réponse a généré une grande panique chez mon interlocutrice, suspectant sans doute qu'un collègue zélé l'obligerait à retenir ce chiffre. Elle s'est donc mise à pousser de grands cris pour couvrir ma voix :" Non, non, ne me dites pas, je ne veux pas savoir, de toutes façons les cadenas à code, je n'y comprends rien"
Hum.
Du coup, le gros chèque m'a semblé moins difficile à faire. C'est vrai, quelque part, ça me fait chaud au coeur de savoir qu'avec cet argent, le cloub va peut être pouvoir payer à ses employés un bon cycle de formation en cadenas à codes.
Ce qui a été dur, par contre, c'est de tendre le chèque à la jeune fille.
Parce qu'à ce moment exact, une vague connaissance est entrée dans le cloub.
Non, non, pas un ami.
Un collègue de mon ancien boulot.
Un collègue du Chéri.
Pas le genre sympa avec qui tu vas prendre des cafés et fumer des clopes, hein, plutôt le genre grand chef un peu bizarre avec un corps encore plus bizarre.
Le genre que tu n'as vraiment, mais alors, vraiment pas envie de voir en short-marcel.
Voilà, l'ex-collègue-tout-mou a validé son abonnement de trois mois. Comme moi, quoi.
A cet instant, tout espoir de convaincre le Chéri de s'inscrire dans une démarche saine d'inter-émulation s'est envolé.
Et j'ai prévu de faire ma prochaine séance avec une perruque et des lunettes de soleil.
Dans le prochain épisode (qui viendra quand il pourra), Fyfe testera les cours collectifs et tentera de bouger son corps façon Shakidonna (nan rien à voir Shalima, Shakidonna c'est 50% Shakira, 50% Madonna, tout un programme donc)