Magazine Journal intime

Mon boulot est formidable

Publié le 21 juin 2007 par Fyfe
Longtemps, j'ai soupiré, gémis, et chouiné, parce que je n'avais pas de "don".
Je ne parle pas de savoir se téléporter à l'autre bout de la planète, ou de pouvoir compter les allumettes dans la boîte en un clin d'oeil, hein.
Juste un mini-don m'aurait suffit.
Etre douée pour quelque chose en particulier.
Cette quasi-obsession pour les "dons" a commençé quand j'avais environ 10 ans, le jour où la professeur de danse classique (non, pitié, ne m'imaginez pas en tutu et collant chair, même à moi ça donne la nausée) a repéré le don de ma soeurette pour les entrechats et autre joyeusetés dansées.
Je me suis demandé pourquoi elle et pas moi.
Heureusement, ça ne m'a pas découragée, et j'ai pris patience, en attendant de découvrir un jour ce que serait mon don à moi, parce que franchement, les êtres humains naissent libres et égaux en droit paraît-il, alors chacun a droit à son don, non ?
Les années ont passé, et je me suis découvert une foultitude de non-dons.
J'ai par exemple un non-don certain pour la cuisine, comme peut en témoigner le Chéri, qui doit se résoudre à nous nourrir s'il veut éviter de manger trop cuit, trop salé, trop mou, ou trop sec (dans le meilleur des cas, parce que sinon, c'est juste infame).
J'ai également un non-don pour tous les travaux manuels quels qu'ils soient, vu que par un mystère jusqu'ici non élucidé, tout m'échappe des mains (marteau, vaisselle, peinture, chat).
J'ai aussi un non-don de mémoire qui m'oblige à recalculer mon âge quand on me le demande et à arrêter de souhaiter la bienvenue à mes nouveaux commentateurs parce que des fois ils ne sont même pas nouveaux.
Bref, le don, je l'ai cherché longtemps, et puis j'ai abandonné l'idée d'en trouver un sympa (oui parce que mon étonnante capacité à pouvoir dormir plus de 12 heures d'affilée, ça ne compte pas, hein).
Et paf, pas plus tard que cette semaine, au détour d'une semaine de boulot classiquement pourrite, je me suis retrouvée pendant 8 heures d'affilée (avec une pause pour déjeuner, on n'est pas des barbares non plus) assise au beau milieu d'une tribune, à faire défiler des diaporamas.
Remballez immédiatement votre air narquois, je vous signale que déjà, à ce stade, vous devriez reconnaître chez moi un indéniable talent pour appuyer sur la flèche droite de l'ordinateur, (sans la confondre jamais avec la flèche gauche !)(j'ai AUSSI fermé et ouvert quelques fichiers!) Mais ce n'est pas tout !
Je vous arrête tout de suite, il ne s'agit pas ici d'un don de potichitude, celui-là je ne l'ai pas du tout, y avait qu'à voir ma tronche au bout d'une demi-heure de flèche droite : le sourire à mille dollars nécessaire à toute potiche qui se respecte, je ne l'avais pas du tout du tout.
Non, mon don à moi c'est celui de deviner en lisant dans le noeil gauche de l'orateur quand il souhaite changer de diapo.
Laissons les plus naïfs se gausser, et parlons entre personnes lucides : ce n'est PAS un exercice aisé.
D'abord, il faut rester parfaitement silencieuse pendant 8 heures, et ça ben c'est pas trop mon genre voyez vous. Mais j'insiste, toute parole est proscrite eu égard aux micros lâchement disposés sur la tribune, les traitres, et prêts à retransmettre dans toute la salle la moindre de vos blagues pourrite chuchotée à votre voisin.
Ha-ha, déjà, je sens pointer un début d'admiration chez vous, ne le niez pas.
Si je vous fais remarquer qu'il faut également empêcher son cerveau de vagabonder du côté des plages cubaines sous peine de rater le micro-cillement du noeil gauche qui déclenchera l'appuyage-flèche-droite, je pense que je vous ai définitivement convaincu.
Quoi ?
Qu'entends-je ?
C'est tout pourri comme don ?
Mon boulot aussi, il est tout pourri ?
Bon, ok, mais moi, je peux dormir plus de 12 heures d'affilée, alors bon.

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