Et nous voilà, une semaine plus tard, à Katmandou, dans les locaux (un peu pourris) de l’agence de voyage, qui nous donne des détails sur ce trek « assez facile ». Le premier jour va être un peu dur : après quatre heures de marche, vous aurez 2 000 marches à grimper. Mais le plus dur sera le troisième jour, à cause de l’altitude et des montées-descentes. Ah et sinon, vous avez tous des chaussures de randonnée ? Que nenni, mon père expert ès-randonnée avait déclaré que les sandales de trek passaient partout, et qu’elles étaient bien pratiques pendant la pluie. Pas faux en théorie, mais ça ne prenait pas en compte un paramètre non négligeable : les sangsues ! Et l’état très glissant du terrain. Fallait voir la tête de tout le monde : décomposés ! Et moi je commençais à me demander ce qui m’avait pris d’entraîner tout le monde dans cette galère…
Après une nuit dans la capitale dans un hôtel bourré de charme, malgré l’insistance du propriétaire pour qu’on recommande son établissement sur Tripadvisor, nous prenions la route pour l’aéroport et quelques 30 minutes de vol plus tard nous étions à Pokhara, la deuxième ville du pays.
Nous passâmes la nuit dans les hauteurs, dans une ‘tea guest-house’ sommaire mais très accueillante, malgré l’insistance du propriétaire pour qu’on recommande son établissement sur Tripadvisor. Il y avait une superbe vue sur le lac et la chaîne des Annapurnas derrière. Malheureusement, à cause du brouillard nous n’en vîmes rien… Et il fallut moins d’une demi-heure de marche sous la pluie (un entraînement avant le jour J, et l’occasion de voir un stupa), pour que les semelles des (vraies fausses) chaussures achetées au pote du proprio de mon frère se décollent… Ce trek s’annonçait plein de surprises !
M’enfin bon. Nous finîmes par nous mettre en route. Et là je vais te dire, « assez facile » au Népal, ça reste quand même du « plutôt difficile » pour un Français (surtout si une a un peu mal aux genoux et l’autre un polichinelle dans le tiroir).
D’abord, les 2 000 marches c’était un peu une blague. En fait les 80% du reste de TOUT le chemin étaient des marches !! Et on monte et on descend et on glisse !
Ensuite la pluie. Il faut bien compter avec deux heures de grosses saucées façon mousson par jour quand même. Et éviter le parapluie ‘I love Berlin’ acheté en souvenir, il est pas imperméable sur la durée. Pas plus que le K-Way Petit Bateau d’ailleurs. A part ça ce n’est pas insurmontable de marcher sous la flotte, ça rajoute même un certain charme ! On nous avait mis en garde contre le froid mais nous n’en avons pas souffert, un gros pull de temps en temps faisait bien l’affaire. Mais aussi nous ne fîmes pas d’ascension ni ne dépassâmes les 3 200 mètres. Nous eûmes même bien chaud quand il ne pleuvait pas. Et il faut voir le niveau d’humidité – en fait que ça soit la flotte ou la sueur, tu finis trempé pareil là-bas…
Pour les sangsues, ben faut juste être prévenu, y en a partout. Rien de bien méchant mais pour un citadin, ça peut surprendre…
Les ‘tea guest-houses’ sont convenables, pas besoin d’emmener de sac de couchage, juste peut-être un sac à viande. Et c’est grandement appréciable de pas dormir sous la tente en cette saison ! Faut juste pas trop compter sur les douches chaudes.
Et les montagnes ? Ben on les voit pas souvent… Le brouillard étant bien au rendez-vous. Ceci-dit ça rend la vue de l’Annapurna et de ses pics voisins quand ça se dégage assez exceptionnelle ! Donc on se dit que pas voir les sommets enneigés en permanence nous fait les apprécier un peu plus quand il y a une éclaircie !
Y a pas vraiment besoin de guide. La présence d’un Népalais alcoolique bouffi avec un vocabulaire anglais très limité et avare d’explications peut même se révéler irritante. Mais ça rassure quand même. Avoir un porteur c’est sympa, et ça crée de l’emploi. Ça permet aussi de trimballer suffisamment de tee-shirts secs. L’agence m’avait certifiée qu’un porteur serait là pour nous aider à porter deux bébés mais ses calculs resteront un mystère : six adultes pour soixante kilos, et trois porteurs qui se chargent chacun de vingt kilos, qui reste pour porter les bébés de 12 kilos ?? Les super maris !! En fait vingt kilos furent répartis entre deux porteurs et mes frères et les maris furent un peu aidés…
Quant à Bébé Samourai, il a kiffé ! Il a vu plein d’animaux, ce qui tombait bien vu qu’il était dans sa phase bruits de la ferme. Il a aussi aimé partager notre nourriture (même si il a perdu du poids) et dormir entre ses deux parents et sauté sur les épaules de ses ‘mamous’ (tontons en langage de l’Ile Maurice). Il est resté sagement dans son sac 6 heures par jour en râlant à peine – mais quand il râlait, bonjour l’angoisse !
L’avion ? Comme nous allions dans la deuxième ville du pays, Pokhara, je me doutais qu’on aurait pas les avions à 6 places et de fait nos avions de Buddha airline transportaient à peu près 60 passagers. Pas de turbulence, des petits sauts de puce de 30 minutes assez plaisants même, ne serait-ce pour la chaleur du premier vol. Béni soit la Népalaise qui a eu pitié de Bébé Samourai et nous a passé son éventail, qui nous servit même par la suite…
Et quant à ma copine enceinte, elle s’en sortit bien ! Marchant en silence la plupart du temps, vu qu’il lui fallait beaucoup d’énergie pour mettre un pas devant l’autre. Et à part une matinée un peu pénible avec une grosse envie de vomir, ses nausées la laissèrent en paix ! Le plus difficile était presque pour elle de s’occuper, le soir, d’un enfant plein d’énergie d’être resté sans bouger toute la journée… Et quand la mère peine à garder les yeux ouverts, c’est pas évident à gérer !! Parce qu’il lui les faut bien ouvert, les yeux, pour éviter quelques chutes spectaculaires et autres petits accidents.
En bref, c’était sportif mais très chouette, et assez unique. Le GROS avantage du trek en cette saison c’est que pas grand-monde n’y va. Parce que vu le nombre de guest-houses, on se dit facilement qu’en haute-saison c’est la queuleuleu ce trek.