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Ce qui a commencé à Sétif

Publié le 06 décembre 2016 par Fbaillot

setifVoici ce que j’ai déclaré ce lundi 5 décembre devant le monument aux morts

Nous rendons ce soir hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie. Cette journée a été instituée en 2003. Vous savez qu’il existe depuis longtemps une controverse à propos de cette commémoration, que nous ne souhaitons pas raviver.

Nous rendons donc hommage ce soir à tous ceux qui ont payé de leur vie cette guerre dans laquelle ils s’étaient souvent engagés sans en connaître les véritables raisons, qu’ils aient été soldats français de métier ou de conscription, ou harkis, ces musulmans engagés aux côtés de l’armée française dont beaucoup ont dû choisir l’exil en 1962, en même temps que les pieds noirs, comme on appelait à l’époque les Français installés en Algérie.

Cette guerre a débuté dès la fin de la seconde guerre mondiale, en mai 1945, par les massacres de Sétif et Guelma. Le conflit proprement dit débute en novembre 1954 avec la création du Front de libération nationale (le FLN). Il durera jusqu’en avril 1962, par les accords d’Évian qui marquent la fin des combats et l’accession de l’Algérie à l’indépendance, en juillet.

Ce conflit qui a fait près de 600 000 morts de part et d’autre de la Méditerranée, a laissé de profondes blessures en Algérie, en Tunisie, au Maroc, mais aussi en France. Notre histoire coloniale a profondément modifié le regard que portent entre eux les peuples qui entourent cette belle mer qu’est la Méditerranée.

Toutes les cicatrices ne sont pas encore effacées, et on ne peut expliquer beaucoup de nos spécificités et celles des pays concernés si on ne tient pas compte de ce passé toujours douloureux, que nous n’avons pas fini d’étudier et de comprendre.

Nos enfants devront continuer à mettre à jour les raisons de cet embrasement inutile à tant d’égards. C’est la raison pour laquelle il est important de nous réunir chaque année pour commémorer la fin de cette guerre. Il faudra bien extirper une à une les racines de ce conflit entre des peuples pacifiques, que d’innombrables liens réunit aujourd’hui plus encore qu’hier. Il y a encore bien des rancœurs, bien des peurs, bien des silences qui règnent sur cette période.

Nous avons déjà tourné quelques pages de ce livre commun, mais l’écriture est loin d’être terminée. A nous, à nos successeurs de prolonger ce devoir de mémoire mais aussi d’explication, nous en sortirons les uns et les autres grandis.


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