Un drone militaire chinois CH-4 présenté à Aviation Expo China, le 25 septembre 2013.
En lien avec le développement de son complexe militaro-industriel et de ses dépenses militaires qui dépassent allègrement les 150 milliards de dollars par an, la Chine populaire pénètre un marché en pleine expansion : celui des drones militaires. Contrairement à ceux fabriqués aux États-Unis, les drones chinois sont bon marché et facilement disponibles. Pour environ 4 millions de dollars, le prix d’un MQ-1 Predator fabriqué aux États-Unis, on pourrait acheter quatre drones chinois MALE (Moyenne altitude – Longue endurance) Wing Loong, qui d’ailleurs ressemble beaucoup à son équivalent américain. Mais les drones chinois sont généralement moins capables en termes de performance : ils volent moins haut et moins loin, ils sont moins bien armés. Alors, qui achèterait de tels drones qui ne peuvent pas concurrencer leurs homologues américains, s’interroge MarketWatch. Ce sont des pays comme l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Pakistan, le Nigeria ou encore les Émirats arabes unis. Avec un prix de 1 million de dollars, le Wing Loong est beaucoup moins cher que, par exemple, un char de combat moderne, ce qui rend sa perte plus facile à supporter pour des Etats financièrement parfois contraints et luttant pourtant pour répondre aux exigences de la guerre moderne. Mais le prix seul n’est pas le seul facteur de cette équation. Le principal « coupable » de l’essor des ventes de drones chinois semble être les États-Unis eux-mêmes ou, plus précisément, leurs réglementations et restrictions rigoureuses en matière d’exportation. En tant que signataire de divers accords internationaux limitant les exportations, ainsi que d’une réglementation interne stricte, les États-Unis ont considérablement limité les options d’exportation de leur propre technologie de drone aux seuls alliés et à d’autres pays.
L’option chinoise
Dans de nombreux cas, les pays intéressés par des drones n’ont d’autre choix que de se tourner vers la Chine, qui est plus qu’heureuse de leur fournir des drones peut-être inférieurs en qualité, mais beaucoup plus abordables. Une image satellitaire du 3 octobre 2016 montre un drone chinois CH-4 Rainbow sur un aéroport militaire en Jordanie mettant en évidence que ce pays opère des drones chinois. Or, en 2014, l’administration Obama avait refusé la demande de la Jordanie pour obtenir des drones américains Predator XP non armés. C’est un exemple parmi d’autres qu’un refus américain peut conduire des pays dans les mains chinoises. Et la Chine progresse aussi rapidement dans la technologie du drone. Ces drones s’améliorent, sont plus performants. Il y a quelques semaines, le Zhuhai Airshow 2016 en Chine a présenté de nombreux nouveaux drones disponibles pour un nombre toujours croissant d’acheteurs intéressés, ainsi qu’un aperçu des développements futurs. Ce salon aéronautique a présenté le Cloud Shadow, le premier drone furtif de la Chine mais aussi les drones « marsupiaux » qui peuvent être fixés à un avion et lâchés comme des bombes. Et une démonstration vidéo a montré un essaim de drones coordonnés, alors qu’on pensait que seuls les Etats-Unis maîtrisaient cette évolution des drones vouée à un grand avenir. Ainsi, en remplissant dans certains cas le vide stratégique créé par les États-Unis, la Chine s’est donc positionnée comme un fournisseur mondial de drones. C’est une nouvelle puissance à prendre en compte de plus en plus incontournable.