Donald Trump dans une association de vétérans de guerre à Miami, Floride, le 25 octobre 2016. Source : Reuters/ Jonathan Ernst
L’utilisation de drones armés sera l’un des legs durables du président Barack Obama. Mais comment le programme de drones armés des États-Unis changera-t-il sous le président élu Donald Trump, s’interroge Motherboard. Non seulement il y a peu d’informations concrètes sur les souhaits de M. Trump, mais il y a aussi des incohérences comme celles qui ont pimenté toute la campagne présidentielle. Les plans de M. Trump restent troubles. Dans une entrevue à Fox en décembre 2015, M. Trump a déclaré qu’une des façons de combattre l’organisation Etat islamique (EI) serait de s’en « prendre à leurs familles ». Cela serait vraisemblablement réalisé par des frappes aériennes. Mais depuis lors, une partie de la rhétorique de Donald Trump – et de celle de ses conseillers – a réellement changé contre l’utilisation des frappes de drone pour le contre-terrorisme. Au lieu de cela, une administration Trump pourrait préférer la méthode de « capturer et d’interroger les terroristes soupçonnés », selon le Bard College du Center for the study of the drone, une tactique jugée plus efficace dans la lutte contre le terrorisme aux yeux du 45e président américain.
Pourtant, les appels de Trump à une augmentation des attaques aériennes contre l’EI ont persisté. « Il s’est engagé à mener une campagne de bombardement à grande échelle qui impliquera certainement des avions sans pilote », note Dan Gettinger, co-directeur du Center for the study of the drone. « Je pense que nous devons garder un œil sur qui il nomme autour de lui ». « Un conseiller de premier plan a été Michael Flynn qui a passé de nombreuses années dans le programme de drones américains. Je suppose que si nous le voyons monter haut dans l’administration Trump alors nous pouvons voir une certaine continuité, peut-être même une expansion [du rôle des drones]. » Or Michael Flynn a été nommé récemment conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Rien n’est cependant encore très clair à ce stade.
En revanche, sur le plan intérieur, la politique de M. Trump semble plus claire au vu des promesses de la campagne de renforcer les niveaux de surveillance par des drones aux frontières mexicaine et canadienne. Le milliardaire de New York a indiqué dans un meeting en avril à Syracuse qu’il souhaiterait plus de drones pour patrouiller 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 aux frontières américaines afin de lutter contre l’immigration illégale, même si les résultats des actuelles patrouilles de drones ne sont pas très probants.
Sur le plan des exportations de drones militaires, la situation pourrait changer. En octobre 2016, 48 pays ont signé un accord mené par les États-Unis sur l’exportation de drones armés. Cet accord, conjointement avec l’accent mis par Donald Trump sur le développement des affaires et de l’industrie américaine, pourrait donc en fait conduire à la prolifération des ventes de drone des États-Unis à l’étranger.
En tout cas, le président élu va hériter d’un certain nombre de théâtres de guerre clandestins et ouverts en 2017, et aussi de l’utilisation très développée de drones de surveillance au Moyen-Orient. Dans le cadre du complexe industriel et militaire des États-Unis, il est peu probable de voir un changement radical d’orientation immédiatement.
Et Donald Trump peut continuer, s’il le souhaite, à mener des assassinats ciblés tels qu’indiqué dans le document de 2013 détaillant les opérations antiterroristes de la Maison Blanche. Avec M. Trump, souligne M. Gettinger, il est en tout cas probable qu’il y aura moins d’obstacles à l’utilisation de la force militaire, quel que soit le type de frappes militaires, drones compris…