Bloqué en Chine depuis 2009, Facebook ne renonce pas à un potentiel retour. Selon le New York Times, le réseau social travaillerait sur plusieurs hypothèses afin d'obtenir le feu vert des autorités de Pékin. Parmi ces pistes: un outil de censure permettant de supprimer des sujets de discussions. Le dossier est extrêmement sensible pour le réseau social, pris en étau entre les valeurs qu'il défend publiquement et l'immense opportunité commerciale que représente le marché chinois.
" AUCUNE DÉCISION "L'entreprise de Menlo Park n'a jamais caché son ambition de revenir en Chine, le pays le plus peuplé du monde avec 1,4 milliard d'habitants dont 720 millions d'internautes et 560 millions d'utilisateurs de smartphones. Mark Zuckerberg, son fondateur et patron, ne ménage d'ailleurs pas ses efforts pour amadouer les dirigeants du régime. Il s'est rendu plusieurs fois dans le pays - allant jusqu'à faire un footing en mars dernier sur la place Tiananmen. Il a aussi rencontré le président Xi Jinping. Et appris à parler Mandarin.
Selon le New York Tines, Facebook ne se chargerait pas directement de la censure, qui serait assurée par un partenaire chinois. Celui-ci pourrait alors superviser les sujets les plus discutés sur la plate-forme. Et décider d'en supprimer certains. " Nous n'avons pas encore pris de décision sur notre approche en Chine, assure une porte-parole de la société. Notre objectif est pour le moment d'aider les entreprises et développeurs chinois à conquérir de nouveaux marchés hors de Chine en utilisant notre plate-forme publicitaire ".
CENSURE SYSTÉMATIQUEDepuis 2014, Facebook loue des bureaux dans le centre-ville de Pékin. Selon l'agence Bloomberg, il n'a cependant pas encore obtenu l'autorisation d'embaucher ses premiers salariés chinois. La société opère ainsi depuis Hong Kong. Elle se consacre à vendre des publicités aux entreprises souhaitant toucher les quelques 50 millions de Chinois vivant à l'étranger. Comme Twitter, le réseau social est interdit en Chine depuis plus de sept ans, suite à des émeutes meurtrières dans le nord du pays.
En mettant en place un tel outil, Facebook franchirait un cap dans le contrôle de l'information. Dans plusieurs pays, l'entreprise supprime déjà des sujets de conversation à la demande des autorités, notamment en Turquie et en Inde (en France, 38.000 contenus ont été supprimés entre juillet et décembre 2015, essentiellement une photo des attentats du 13 novembre portant atteinte à la " dignité humaine "). Mais le scénario envisagé irait encore plus loin: la censure serait systématique, plus rapide et sans aucun contrôle
REMOUS INTERNESFacebook se placerait aussi dans une situation inconfortable: d'autres pays pourraient en effet réclamer les mêmes prérogatives. La société doit aussi faire face aux inquiétudes de ses employés. Selon le New York Times, plusieurs salariés auraient quitté leur poste. En juillet dernier, M. Zuckerberg se serait ainsi exprimé en interne. " Il est préférable pour Facebook de participer aux conversations, même s'il ne s'agit pas encore de toutes les conversations ", aurait-il alors déclaré.
Une position qui contraste avec ses déclarations publiques. " Nous croyons qu'il faut permettre à tout le monde de s'exprimer, ce qui siginifie laisser les gens partager ce qu'ils souhaitent, tant que possible ", expliquait-il la semaine dernière en plein débat sur la diffussion de fausses informations sur Facebook. Le réseau ne serait pas le premier à se plier aux volontés chinoises: jusqu'en 2010, Google pratiquait l'auto-censure, avant de quitter le pays. Ces derniers mois, le moteur de recherche tente, lui aussi, de trouver un terrain d'entente avec Pékin.
Photo: Maurizio Pesce
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