Netflix jette l'éponge en Chine. Évoquant un " climat réglementaire compliqué ", l'entreprise californienne préfère abandonner, au moins temporairement, ses projets sur le marché chinois, a-t-elle indiqué lundi 17 octobre en marge de la publication de ses résultats financiers. Au lieu de lancer son propre service de streaming, elle prévoit désormais de vendre ses créations originales aux plates-formes déjà présentes en Chine. " Nous espérons pouvoir lancer notre service un jour ", assure encore Netflix.
Cela fait plusieurs années que la société de Los Gatos tente de s'implanter dans le pays, qui compte près de 700 millions d'internautes. Depuis le début de l'année, les signes n'étaient pas encourageants. En janvier, Netflix avait annoncé l'arrivée de sa plate-forme sur 130 nouveaux marchés. La Chine ne faisait pas partie de cette dernière phase de développement à l'international. Reed Hastings, son fondateur et patron, prônait alors la patience. En juillet, il avait cependant reconnu que ses ambitions seraient retardées.
Malgré des négociations avec les autorités chinoises, Netflix n'a pas réussi à passer outre une réglementation particulièrement stricte. Celle-ci impose la censure des contenus mais aussi une proportion élevée de productions locales. En outre, une nouvelle loi réserve le droit d'opérer un service de vidéos en ligne aux seules entreprises chinoises. En avril, Apple et Disney avaient ainsi dû fermer leurs plates-formes iTunes Movies et DisneyLife, ouvertes à peine quelques mois plus tôt.
3,6 MILLIONS DE NOUVEAUX CLIENTS" Nous nous concentrons désormais sur le reste du monde, explique M. Hastings. Il existe d'importantes opportunités en Inde, en Pologne, en Turquie, en Amérique latine et au Vietnam ". De fait, après un deuxième trimestre inquiétant, Netflix a renoué avec une forte croissance entre juillet et septembre. Sur le trimestre, le service a gagné 3,6 millions d'abonnés dans le monde, dépassant nettement ses objectifs. Il compte désormais près de 87 millions d'adeptes, dont 39 millions hors des Etats-Unis.
Quasiment l'intégralité des gains enregistrés par l'entreprise proviennent de l'étranger. Ses dirigeants mettent en avant les efforts de localisation (traduction de l'interface, sous-titres...) dans plusieurs pays. Et ils assurent avoir été surpris par l'impact positif sur les abonnements de son catalogue maison de séries (Narcos, Stranger Things...). En revanche, aux Etats-Unis, le nombre de nouveaux clients ne s'est élevé qu'à 370.000, contre 880.000 au cours du troisième trimestre 2015.
1.000 HEURES DE PROGRAMMESPour Netflix, accroître sa base de clients est crucial à long terme. Car la société a pris d'importants engagements financiers pour obtenir des droits de diffusion de films et séries. Et de plus en plus pour financer des contenus originaux, qui doivent lui permettre de se différencier de la concurrence, tout en réduisant sa dépendance envers les studios de cinéma et les groupes de télévision. Au 30 septembre, le montant de ces engagements s'élevait à 14,4 milliards de dollars, soit quatre milliards de plus qu'un an plus tôt.
Netflix prévoit de produire 1.000 heures de programmes en 2017, contre 600 heures cette année et 400 heures pour HBO, la grande chaîne câblée américaine. Cette stratégie coûte cher. Au troisième trimestre, le groupe n'a ainsi dégagé qu'un bénéfice net de 52 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires de 2,3 milliards de dollars. Le groupe promet cependant d'importants profits à partir de 2017, assurant que son nombre d'abonnés va encore progresser aux Etats-Unis et que ses pertes vont se réduire à l'international.
Photo: Netflix
Signaler ce contenu comme inappropriéCette entrée a été publiée dans Netflix. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. |