A Fort Calhoun, une crue du Missouri a provoqué une inondation début juin (Nati Harnik/AP)
Si d’énormes quantités d’eau sont indispensables au bon fonctionnement des centrales nucléaires, l’actualité récente a montré que ces mêmes centrales étaient très vulnérables à l’eau avoisinante. Il y a Fukushima, bien sûr. Ses systèmes de refroidissement ont été noyés par le tsunami qui a frappé les côtes japonaises, conduisant à une catastrophe hors normes.
Mais il y a aussi la centrale de Fort Calhoun, aux Etats-Unis, qui a souffert d’une crue du Missouri. Un incident survenu le 7 juin et qui, curieusement, n’a que peu été relayé.
Que s’est-il passé à Fort Calhoun ? Au début du mois de juin, des pluies diluviennes ont frappé le Nebraska au moment où fondaient les neiges des Rocheuses. Cette crue a contraint les autorités à relâcher l’eau d’un barrage en amont de la centrale.
Pour que fonctionnent les circuits de refroidissement, les centrales sont toujours construites près de l’eau – du Missouri pour Fort Calhoun, de l’océan pour Fukushima ou d’un canal de dérivation du Rhône pour la centrale du Tricastin, en France.
Quand le niveau du Missouri a brusquement monté, le 6 juin, certaines parties de la centrale ont été inondées, comme le montre la photo ci-dessus. La situation a conduit les responsables de la centrale à diffuser un premier bulletin rapportant un « unusual event » – un « événement inhabituel », le premier degré dans la classification des incidents par le régulateur américain.
Le 7 juin, un deuxième bulletin est émis. Il fait état de dégagement de fumée dans les installations. Et cette fois-ci, il s’agissait d’une « alerte », le niveau au-dessus de l’événement inhabituel.
Rapidement, le Nuclear Regulatory Commission (NRC) a rassuré la population, expliquant qu’il y avait eu un dégagement de fumée que les services d’incendie ont pu stopper en moins de cinquante minutes. Cependant, la centrale « a brièvement perdu sa capacité à refroidir les piscines où est stocké le combustible usagé ».
En prévision de ces intempéries, rappelle le New York Times, la centrale avait été arrêtée en avril. Mais on ne stoppe pas l’activité du combustible en appuyant sur un bouton. Des semaines et des semaines sont nécessaires à son refroidissement complet. Et c’était justement dans les piscines que refroidissait le combustible…
Rumeurs. Bien que le NRC ait toujours affirmé que la situation était sous contrôle et que les systèmes de sécurité ont parfaitement fonctionné, de nombreuses rumeurs ont circulé ça et là. Au point que l’opérateur de la centrale, rapporte le blog Sciences², a dû lister ces rumeurs pour mieux les démentir.
Ainsi, l’Omaha public power district assure qu’aucune fuite radioactive n’a eu lieu, qu’il n’y aura pas de coupure massive de courant, que les piscines n’ont jamais été sur le point d’entrer en ébullition ou encore que le niveau d’alerte maximal n’a pas été atteint.
A chaque événement ses rumeurs plus ou moins farfelues, certes. Mais peut-on vraiment blâmer l’inquiétude des Américains quant au risque d’accident nucléaire ? De Tchernobyl à Fukushima, l’industrie et les Etats n’ont pas vraiment fait montre d’une transparence à toute épreuve.
Une installation sûre ? Que ces incidents aient inquiété la population vient aussi du fait que le NRC avait, l’an dernier, mis en garde les gestionnaires de la centrale contre les risques que présentait une inondation importante.
« Après inspection des installations entre janvier et juin 2010, le NRC estime que la centrale de Fort Calhoun n’a pas les installations adéquates pour se protéger contre des inondations. (…) Et ce en opposition avec les spécifications techniques établies par l’organe régulateur. »
Selon le porte-parole du NRC, cité par le New York Times, tout a depuis été mis en œuvre par l’opérateur pour pouvoir faire face à une inondation...
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A lire dans Télérama du 15 juin une excellente interview de Bernard Laponche : « Il y a une forte probabilité d’un accident nucléaire majeur en Europe«