Le séisme japonais a-t-il changé la durée du jour ?

Publié le 21 mars 2011 par Anaïs N.

Nous relations l’an passé les calculs d’un géophysicien de la NASA : selon Richard Gross, le tremblement de Terre qui venait de frapper le Chili a fait augmenter la vitesse de rotation de la Terre, et donc diminuer la durée des jours…

D’un point de vue théorique, tout changement de répartition de la masse sur la Terre modifie sa vitesse de rotation. Les masses étant redistribuées plus ou moins loin de l’axe de rotation de la Terre, sa vitesse de rotation varie.

Cent microsecondes par jour. Un séisme modifie la distribution de ces masses, mais bien d’autres phénomènes rentrent en jeu : les variations saisonnières des océans et de l’atmosphère, la fonte des glace, les tempêtes tropicales, etc. En une journée, la durée du jour peut varier naturellement d’environ 100 microsecondes (une microseconde est égale à un millionième de seconde).

Cela dit, l’influence imputable aux séismes n’existe pour l’heure que dans les équations des physiciens. L’an dernier, pour le Chili, le chiffre de 1,26 microsecondes par 24 heures avait été évoqué. « Ce chiffre signifie d’autant moins quelque chose que la précision avec laquelle on mesure la durée du jour n’est même pas égale à deux microsecondes ! », explique Christian Bizouard, responsable du Service de la rotation de la terre à l’Observatoire de Paris – voir notre précédent article sur l’axe de rotation de la Terre.

Ci-dessous, la courbe rouge décrit la variation réelle de la durée du jour depuis le début du mois de mars (graduée en millième de secondes, avec une précision de mesure de l’ordre de 4 microsecondes). En bleu, la part de cette variation imputable à la pression et aux vents (celle due aux mouvements océaniques n’est pas encore intégrée).

La théorie et la mesure. « Le 11 mars [date du séisme au Japon], la variation de la durée du jour est de l’ordre de 40 microsecondes. Allez donc chercher un petit effet d’une ou deux microsecondes là dedans ! », remarque Christian Bizouard.

La seule conclusion que l’on peut tirer des modélisations actuelle est donc… que l’influence d’un séisme sur la durée du jour n’est pas mesurable compte-tenu de la précision des mesures même si, théoriquement, cet effet existe.

Comme nous l’expliquions, les variations naturelles de la durée du jour sont à la hausse comme à la baisse. Et le jour où la Terre s’arrêtera de tourner n’est, de fait, pas pour demain ! Ci-dessous, les variations (en millisecondes) de la durée du jour sur un peu plus d’une année :

En conclusion de nos deux billets sur les conséquences de ce terrible séisme, notons que des informations plus surprenantes concernant la morphologie du globe ont paradoxalement été moins commentées. Du fait du séisme, les îles qui constituent le Japon se sont déplacées en moyenne de 2 mètres vers l’est. Des données qui devraient être intégrées aux systèmes de géolocalisation dans les jours à venir.

En quête de sciences, avec Florian Gouthière

Photo : NASA

Graphiques : Observatoire de Paris / Service de la Rotation de la Terre