«La grande misère intellectuelle de la gauche»

Publié le 15 décembre 2016 par Observatoiredumensonge

Par IVAN RIOUFOL

À force de mordre ses adversaires à défaut de bâtir une doctrine, la gauche est en passe de ravir à la droite le titre de « plus bête du monde », la méchanceté en plus.
Rassembler, mais exclure: c’est ce casse-tête qui attend Manuel Valls, s’il veut construire un projet cohérent pour guider la gauche moderne dès 2017. L’annonce, jeudi, du renoncement de François Hollande à briguer un second mandat a officialisé l’échec de sa stratégie de la «synthèse», méthode consistant à laisser pourrir les imbroglios. Cette impasse du centrisme s’impose à Valls, qui s’est déclaré lundi candidat à l’Élysée et a démissionné mardi de son poste de premier ministre. La gauche archaïque, antilibérale et postmarxiste, demeure un boulet. Quand Ségolène Royal, à Cuba samedi aux funérailles de Fidel Castro, défend au nom de la France la dictature castriste et assure que les droits de l’homme y sont respectés en dépit des évidences, elle montre combien l’idéologie et ses mensonges ont perverti les esprits. Dans ce monde habitué à penser faux, Valls osera-t-il la subversive sincérité?
Il y a du Nicolas Sarkozy dans cet homme aux convictions flexibles. Après avoir distingué «les deux gauches irréconciliables», le nouvel adepte de la «réconciliation» prend le risque d’apparaître à son tour en professionnel de la politique au cynisme répulsif. Lundi soir, lors de sa délaration dans son fief d’Évry (Essonne), Valls s’est gardé d’évoquer les menaces que fait peser l’islam politique sur la cohésion nationale, préférant aligner les clins d’œil à l’électorat musulman. En s’en prenant à François Fillon et à l’extrême droite, il a repris les ficelles usées d’une gauche n’ayant rien à proposer, hormis la critique des autres. Entendre Valls vouloir«se battre contre la droite avec ses vieilles recettes des années 1980» est risible, lui qui cajole un socialisme empaillé et promet de recycler une doctrine bicentenaire et roide.
«Plus bête du monde»
La prétention du PS à faire la leçon pour s’épargner l’introspection est une paresse intellectuelle qui a contraint Hollande, élu sur son antisarkozysme, à avouer son impréparation. L’image qu’il a donnée ce 1er décembre sur les télévisions, petit homme abattu flottant dans sa veste, résume l’état miséreux d’un mouvement qui se confondait naguère avec l’intelligentsia. Un sort identique attend Valls s’il devait s’en tenir à cette posture mimétique. La sortie de scène de Nicolas Sarkozy, poussé dehors par des électeurs excédés de ces mêmes acteurs, annonçait celle de Hollande. Alain Juppé et son entre-deux pépère n’ont pas davantage échappé au grand dégommage. En Italie, il vient de frapper le social-démocrate Matteo Renzi, désavoué par 60 % des électeurs qui ont rejeté son référendum. Un peu partout, des crises de régime se profilent.
Il ne suffit plus de sacraliser l’Union européenne et de diaboliser le populisme pour donner du contenu à un programme. Ces artifices n’ont plus de prises sur des gens qui subissent les crises produites par la rigidité de l’euro et la massification de l’immigration. En Autriche, Norbert Hofer (FPÖ), abusivement classé à l’extrême droite, vient d’échouer à la présidentielle contre l’écologiste Alexander Van der Bellen (46,2 % contre 53,8 %). Mais son parti reste le premier. En France, la discrétion du FN est celle d’une formation qui n’a pas besoin de brasser de l’air pour exister. En comparaison, le ballet des ego qui veulent concourir à la primaire socialiste met en spectacle la vacuité de la gauche, devenue le rond-point des ambitions personnelles. Si Hollande a eu un mérite, c’est d’avoir accéléré la décomposition de son camp. Valls aurait intérêt à enterrer le socialisme plutôt que de laisser croire en sa résurrection, pour plaire aux «socialos» sous naphtaline.
À force de mordre ses adversaires à défaut de bâtir une doctrine, la gauche est en passe de ravir à la droite le titre de «plus bête du monde», la méchanceté en plus. Si François Fillon a travaillé son conservatisme libéral et semble pouvoir fédérer à droite, une bonne partie de la communauté socialiste reste accrochée à ses utopies. Les indignations entendues, à l’idée que le modèle social né de l’après-guerre puisse être réformé, rendent palpable l’immobilisme de ce «progressisme». Le fantôme du communiste (et déserteur) Maurice Thorez plane toujours sur l’impotent État-providence que seuls quelques intrépides – dont Manuel Valls et Emmanuel Macron – se proposent de réformer. Ces deux-là réunis pourraient bien sûr construire le social-libéralisme dont la gauche moderne a besoin. Mais les querelles immatures qui les séparent rendent, actuellement, leur alliance improbable. Tant mieux pour la droite.
L’École naufragée est le fruit de cette idéologie postmarxiste et antibourgeoise que la gauche a insufflée à l’Éducation nationale, sa chasse gardée depuis la Libération (voir mon blog). Non seulement la France a décroché en maths et en sciences, selon une enquête internationale publiée en novembre, mais le pays est le champion des inégalités scolaires, selon le classement Pisa de l’OCDE, dévoilé mardi. La droite n’a jamais rien fait pour stopper la destruction de l’enseignement, engagée depuis cinquante ans au nom d’une flopée de bons sentiments: égalitarisme, épanouissement de l’élève, respect des cultures minoritaires, etc. Plutôt que d’apprendre à lire, écrire et compter, l’École publique s’est vu assigner, par ses indéboulonnables gourous, la mission d’éduquer les jeunes citoyens au vivre ensemble et à la morale républicaine. Ce sont ces pédagogues et ces «experts» qu’il faudrait chasser, afin de redonner leur place aux enseignants et au savoir.
Une main qui tremble à Matignon
La mollesse ne peut être érigée en vertu. Bernard Cazeneuve, promu premier ministre mardi, ne mérite par les louanges de ceux qui se contentent de son verbe précis et glacé. Ministre de l’Intérieur, il n’a pas osé nommer le terrorisme islamiste. Il est venu saluer les «migrants» de Calais devant les caméras en les invitant à déposer leur demande d’asile en France. Il a qualifié de «sauvageons» les criminels qui avaient tenté de brûler vifs des policiers dans leurs voitures. Une main qui tremble est à Matignon.
Et ceci: mercredi soir, France 2 a montré les effets de la contre-société islamique installée dans des cités. À Sevran (Seine-Saint-Denis), les femmes sont interdites dans les cafés. Ce scandale existe partout depuis des décennies, dans l’indifférence des féministes et des droits-de-l’hommistes. «L’intégration fonctionne», répètent les désinformateurs. Ils disent aussi de l’École: «Le niveau monte»….

IVAN RIOUFOL

Photo de couverture: Emmanuel Macron et Manuel Valls. – Crédits photo : PHILIPPE WOJAZER/AFP