[SUR LA PLACE AUX FOINS]
S ur la Place aux Foins
Une ombre vivante
Traîne son âme écorchée
Au plus près de l'horizon.
La lune plonge
Dans les eaux de la Neva,
Chute infinie là où nul ne l'attendra plus.
Jour d'été
Une brise légère s'enroule
Autour de l'ineffable.
Saint-Pétersbourg s'agite et console.
Le vent porte la voix de Vyssotski
Au plus loin de l'arc-en-ciel.
Requiem pour un poète chanteur,
La nue efface les tourments
D'une guitare orpheline.
À l'heure solitaire
Où le clair-obscur courtise
L'avenue pressée de lumière,
Un homme marche, le temps collé à sa peau.
La ville abreuvée de roman
S'insinue dans l'esprit de Fiodor.
Une silhouette orpheline
Faussement ensorceleuse
Traverse l'espace glacé
D'une nouvelle insomnie,
À la recherche de l'unique chemin.
Une nue frôle son épaule,
L'horizon s'incline,
On entend le bruit du vent
Et court le pavé
Usé par les semelles du temps.
Le jour s'affaiblit,
Suspendu aux nuages
Le papier, la plume
Des mots baignés de brume
Et la main
Qui écrit.
Danielle Risse, Si près des étoiles Saint-Pétersbourg, Éditions de L'Aire, 1800 Vevey [CH], 2016, pp. 48-49.