Moi c'est Marcel ! Et vous ?

Moi c'est Marcel ! Et vous ? Les présentations étaient faites, sans plus de formalités (le Père Marcel Chapron ne les aimait pas). A quelques jours de Noël, il a rejoint le Père. En dépit de la peine, si nous ne nous départons pas de notre humour, nous sourions à l'idée de la rencontre...Mais derrière ce visage affable, cette bonhomie se cachait en réalité une grande souffrance: celle d'être le témoin de l'éloignement de ses contemporains vis à vis de Dieu, lui qui était là précisément pour les conduire à Lui. Alors dans ces moments de questionnements, il partait en diatribe contre les Papes, les Evêques,  les curés, l'Eglise. Marcel n'aimait pas les "pyramides". Il se voulait à même la terre, parmi et avec les humains. Lui le fidèle, depuis plus de 11 ans de toutes nos fêtes du Sacré-Cœur, ne s'asseyait pas à la table où se rassemblaient les religieux (1). Et c'est vrai à celle qu'il avait choisie au hasard, régnait très rapidement une chaleureuse ambiance. Chacun avait pu raconter un petit bout de sa vie. Le personnel de service n'oubliait jamais sa visite aux cuisines. Énorme le nombre de lettres, cartes et images pieuses, adressé à l'occasion de Noël, à tous ceux qui en tant qu'anciens fidèles ou lors de rencontres avaient fourni leur adresse. Il n'oubliait personne, surtout pas ses baptisés dont il demandait toujours des nouvelles. L'informatique et Internet auxquels il s'était (tout en râlant) adapté, lui donnaient un nouveau moyen de communiquer et propager l'Evangile ou d'expliquer et méditer les textes bibliques. A la maison Saint Benoît de Caen, où il effectuait sa convalescence, il était content de nous faire voir, qu'il réussissait, après l'handicap de sa congestion cérébrale à écrire les adresses sur les enveloppes apportées. Jusqu'au bout, arrivé à 87 ans, il aura tissé un lien tenu avec ses frères. 

                       Les Amis du Sacré-Cœur ont perdu un ami.

                                                                                 Nicole Vallée

(1) Ce fut souvent entre nous un sujet de discorde, lui opposant la nécessité qu'avaient les prêtres de se retrouver, en ce jour de fête, ensemble,  étant seuls au sein de leur trop grande paroisse. 

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