Magazine Journal intime

24/12/2016 : écrit le 17/12/2014, trois jours avant d'être renversée par une tuture

Publié le 24 décembre 2016 par Anaïs Valente

bon noël à tous !

Cette année, je regarde tous les téléfilms « débiles » de Noël. Sans exception. Et chaque fois, je me dis « mais keske c'est con ». Tenez, cette femme qui est en rue et paf, la soeur de son futur amoureux, qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam ni de Caïn ni d'Abel, sort pour lui dire « venez, entrez, personne ne doit être seul à Noël, vous aimez le lait de poule ? ». Non mais allô quoi, je me suis déjà baladée seule en bord de Meuse le 24 décembre au soir, y'a jamais personne qui m'a invitée à entrer passque personne doit être seul à Noël, et certainement pas un beau brun ténébreux de la mort qui tue la vie. En plus, ces téléfilms sont l'occasion de revoir les acteurs de série télé qui n'ont pas percé une fois leur série passée à la trappe. Souvent, ils jouent comme des savates. Ou plutôt, c'est doublé par des savates. Manquerait plus qu'il y ait des morceaux de Melissa Gilbert dedans. Mais je regarde, et parfois ça me fait frissonner, même si c'est con comme une journée sans morceaux de chocolat. J'ai même pleuré devant cette histoire (vraie) d'une femme dont l'époux meurt d'un cancer le jour de Noël, qui rencontre cet homme dont l'épouse meurt d'un cancer quelques semaines plus tard, et qui vivent depuis lors très heureux avec leurs nombreux enfants.

Donc cette année, je me la joue fan de téléfilms de Noël.

Passque cette année, j'ai décidé d'aimer Noël.

Quand j'étais gosse, j'aimais Noël. J'adorais ça. Les cadeaux qui s'entassent. Le faux effet de surprise en les recevant « ooooooooooh, noooooooooon, c'est pour mouaaaaaaaaaaa ? », alors que j'avais passé les jours précédents à tout soupeser, soulever, fouiller, pour trouver ceux avec mon nom (sale gosse). La déco du sapin chaque année la même, avec des boules ringardes en plastique et des petits oiseaux qui cassent (note que j'ai un doute, c'était pas chez bonne-maman les oiseaux qui cassent?), la crèche avec de vrais santons de Provence, et moi qui écris l'histoire de personnages, amour, rivalité entre l'épouse et la belle danseuse de flamenco (ouais, y'avait une danseuse de flamenco dans la crèche de mon enfance, et alors?), les cotillons à minuit, qu'on lance à travers les branches du lustre en hurlant « bonané bonsanté » (ouais ouais ouais, je mélange tout, mais c'est pour situer l'ambiance). Bref j'aimais ça, passque j'étais jeune. Passque j'étais jeune et conne, comme chante l'autre. Surtout passque j'étais jeune et pleine d'espoir.

Maintenant, je suis une grande fille, le temps a coulé sous le pont de Jambes, et j'aime plus Noël. C'est un peu comme si cette fête me lançait au visage tous les échecs de ma vie, toutes mes fêlures, toutes mes blessures, toutes mes ratures. My god comme c'est beau ce que je viens d'écrire. Beau beau beau, chuis trop fière de moi, on en ferait bien une chanson de Noël, ou un téléfilm avec Melissa Gilbert.

En général, dès le 1er décembre, je rêve d'aller hiberner en Laponie (ou thalassoter en Bretagne, ça me tenterait bien aussi) jusqu'au 2 janvier, voire jusqu'au 15 février, histoire d'éviter aussi les cœurs larmoyants dans les vitrines. Mais les rêves hein, c'est fait pour pas se réaliser (bordel de merde).

Alors cette année, j'ai décidé d'aimer Noël. Déjà, je l'ai mis sur mon Facebook, j'ai décidé d'être heureux (en l'occurrence heureuse), parce que c'est bon pour la santé (Voltaire). Et pour être heureuse, ben je vais aimer Noël.

Je vais décorer mon home sweet home d'une boule à deux mètres de haut, avec une mini crèche inside. Le tout inaccessible par le toutnu cascadeur casseur, tant qu'à faire, le toutnu étant mon chat toutnu qui, malgré son grand âge désormais (18 mois) est toujours un gaminou insupportable de bêtises avec un grand s à la fin,

Je vais manger de la bûche pleine de calories de sucre de gluten et de lactose, j'hésite encore entre crème fraîche fruits frais et mousse chocolat mousse vanille ganache, une préférence vous ?

Je vais manger de la biche ou du caribou, je ne sais plus trop, mais une bestiole quoi. Avec des sapins passés à la friteuse.

Je vais dire bonané bonsanté à d'autres êtes humains, et non à mon téléviseur.

Je vais revoir une personne qui m'est chère et que je n'ai plus vue depuis un petit temps déjà.

Je vais mettre le petit Jésus dans la crèche et me faire embrasser sous le gui. Un amateur ?

Je vais me balader sur les marchés de Noël en râlant car le foie gras est synthétique, la tartiflette collante et les cadeaux made in China. Mais y'a du vin chaud, j'aime beaucoup le vin chaud.

Je vais écouter War is over, ma préférée chanson de Noël de tous les temps de toute ma vie.

Je vais mettre une jolie robe à paillettes et ma nouvelle montre de mon birthday qui a remplacé celle que j'ai perdue puis retrouvée le jour de mon birthday.

Je vais regarder le ciel, des fois qu'il nous enverrait un peu de neige.

Je vais m'offrir un coffret de sélections Ferrero pleines d'huile de palme, et les regarder en bavant.

Je vais avoir envier d'aller à la messe de minuit, pour l'ambiance, pour les chants, pour la fête et puis pour les cougnous et le vin chaud aussi. Et puis je vais pas aller à la messe de minuit.

Je vais manger des cougnous.

Je vais boire du vin chaud, j'aime le vin chaud très beaucoup, vraiment très beaucoup.

Je vais penser aux gens seuls durant les fêtes, passque c'est dur d'être seul face à son téléviseur et à sa cassolette de cuisses de grenouille le soir de Noël. Ou de Nouvel an.

Et je vais aimer ça. Tout ça. Sauf les gens seuls. Mais je vais aimer tout ça.

Passque c'est bon pour la santé.

Et puis, tout bien réfléchi, passque chuis encore jeune et pleine d'espoir.

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bon noël à tous !

Cette année, je regarde tous les téléfilms « débiles » de Noël. Sans exception. Et chaque fois, je me dis « mais keske c'est con ». Tenez, cette femme qui est en rue et paf, la soeur de son futur amoureux, qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam ni de Caïn ni d'Abel, sort pour lui dire « venez, entrez, personne ne doit être seul à Noël, vous aimez le lait de poule ? ». Non mais allô quoi, je me suis déjà baladée seule en bord de Meuse le 24 décembre au soir, y'a jamais personne qui m'a invitée à entrer passque personne doit être seul à Noël, et certainement pas un beau brun ténébreux de la mort qui tue la vie. En plus, ces téléfilms sont l'occasion de revoir les acteurs de série télé qui n'ont pas percé une fois leur série passée à la trappe. Souvent, ils jouent comme des savates. Ou plutôt, c'est doublé par des savates. Manquerait plus qu'il y ait des morceaux de Melissa Gilbert dedans. Mais je regarde, et parfois ça me fait frissonner, même si c'est con comme une journée sans morceaux de chocolat. J'ai même pleuré devant cette histoire (vraie) d'une femme dont l'époux meurt d'un cancer le jour de Noël, qui rencontre cet homme dont l'épouse meurt d'un cancer quelques semaines plus tard, et qui vivent depuis lors très heureux avec leurs nombreux enfants.

Donc cette année, je me la joue fan de téléfilms de Noël.

Passque cette année, j'ai décidé d'aimer Noël.

Quand j'étais gosse, j'aimais Noël. J'adorais ça. Les cadeaux qui s'entassent. Le faux effet de surprise en les recevant « ooooooooooh, noooooooooon, c'est pour mouaaaaaaaaaaa ? », alors que j'avais passé les jours précédents à tout soupeser, soulever, fouiller, pour trouver ceux avec mon nom (sale gosse). La déco du sapin chaque année la même, avec des boules ringardes en plastique et des petits oiseaux qui cassent (note que j'ai un doute, c'était pas chez bonne-maman les oiseaux qui cassent?), la crèche avec de vrais santons de Provence, et moi qui écris l'histoire de personnages, amour, rivalité entre l'épouse et la belle danseuse de flamenco (ouais, y'avait une danseuse de flamenco dans la crèche de mon enfance, et alors?), les cotillons à minuit, qu'on lance à travers les branches du lustre en hurlant « bonané bonsanté » (ouais ouais ouais, je mélange tout, mais c'est pour situer l'ambiance). Bref j'aimais ça, passque j'étais jeune. Passque j'étais jeune et conne, comme chante l'autre. Surtout passque j'étais jeune et pleine d'espoir.

Maintenant, je suis une grande fille, le temps a coulé sous le pont de Jambes, et j'aime plus Noël. C'est un peu comme si cette fête me lançait au visage tous les échecs de ma vie, toutes mes fêlures, toutes mes blessures, toutes mes ratures. My god comme c'est beau ce que je viens d'écrire. Beau beau beau, chuis trop fière de moi, on en ferait bien une chanson de Noël, ou un téléfilm avec Melissa Gilbert.

En général, dès le 1er décembre, je rêve d'aller hiberner en Laponie (ou thalassoter en Bretagne, ça me tenterait bien aussi) jusqu'au 2 janvier, voire jusqu'au 15 février, histoire d'éviter aussi les cœurs larmoyants dans les vitrines. Mais les rêves hein, c'est fait pour pas se réaliser (bordel de merde).

Alors cette année, j'ai décidé d'aimer Noël. Déjà, je l'ai mis sur mon Facebook, j'ai décidé d'être heureux (en l'occurrence heureuse), parce que c'est bon pour la santé (Voltaire). Et pour être heureuse, ben je vais aimer Noël.

Je vais décorer mon home sweet home d'une boule à deux mètres de haut, avec une mini crèche inside. Le tout inaccessible par le toutnu cascadeur casseur, tant qu'à faire, le toutnu étant mon chat toutnu qui, malgré son grand âge désormais (18 mois) est toujours un gaminou insupportable de bêtises avec un grand s à la fin,

Je vais manger de la bûche pleine de calories de sucre de gluten et de lactose, j'hésite encore entre crème fraîche fruits frais et mousse chocolat mousse vanille ganache, une préférence vous ?

Je vais manger de la biche ou du caribou, je ne sais plus trop, mais une bestiole quoi. Avec des sapins passés à la friteuse.

Je vais dire bonané bonsanté à d'autres êtes humains, et non à mon téléviseur.

Je vais revoir une personne qui m'est chère et que je n'ai plus vue depuis un petit temps déjà.

Je vais mettre le petit Jésus dans la crèche et me faire embrasser sous le gui. Un amateur ?

Je vais me balader sur les marchés de Noël en râlant car le foie gras est synthétique, la tartiflette collante et les cadeaux made in China. Mais y'a du vin chaud, j'aime beaucoup le vin chaud.

Je vais écouter War is over, ma préférée chanson de Noël de tous les temps de toute ma vie.

Je vais mettre une jolie robe à paillettes et ma nouvelle montre de mon birthday qui a remplacé celle que j'ai perdue puis retrouvée le jour de mon birthday.

Je vais regarder le ciel, des fois qu'il nous enverrait un peu de neige.

Je vais m'offrir un coffret de sélections Ferrero pleines d'huile de palme, et les regarder en bavant.

Je vais avoir envier d'aller à la messe de minuit, pour l'ambiance, pour les chants, pour la fête et puis pour les cougnous et le vin chaud aussi. Et puis je vais pas aller à la messe de minuit.

Je vais manger des cougnous.

Je vais boire du vin chaud, j'aime le vin chaud très beaucoup, vraiment très beaucoup.

Je vais penser aux gens seuls durant les fêtes, passque c'est dur d'être seul face à son téléviseur et à sa cassolette de cuisses de grenouille le soir de Noël. Ou de Nouvel an.

Et je vais aimer ça. Tout ça. Sauf les gens seuls. Mais je vais aimer tout ça.

Passque c'est bon pour la santé.

Et puis, tout bien réfléchi, passque chuis encore jeune et pleine d'espoir.

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