Maux d’hiver ou mots divers

Publié le 08 janvier 2017 par Claudel
J’émerge. Un peu. Extinction de voix depuis le Jour de l'an.Les mots muets eux aussi. Au repos.Mes yeux se ferment.Mon corps soigne ses maux.Au centre de mes jours : un peu de fièvre, beaucoup de siestes, du sirop, des Tylenol, des pastilles. Autour : de la neige, un hiver blanc. C’est beau chez nous. Vu du dedans et même senti du dehors. Un soleil jaune, le matin à travers les arbres, illumine les montagnes de l’ouest. Les branches chargées, lourdes comme une poitrine gorgée de lait.Si l'idée m'était venue de descendre au sud après les fêtes, ça ne me dit plus rien. Le véhicule récréatif presque enseveli sous la neige attend. Attendra.
Pendant les fêtes, j’ai tout de même pelleté, déneigé.
J’ai fêté aussi. Bien mangé, peu bu, beaucoup parlé. Trop sans doute. Puis, vint le virus.J’ai regardé des films, je me suis endormie devant certains.J’ai lu. Un peu. 
J’ai terminé La bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald.J’ai aimé parce qu’il y est question de livres. J’avais trouvé un blogue qui en recensait tous les titres. Ne trouve plus. J’ai aimé parce que les chapitres sont courts et intercalés entre deux lettres. Les relations un peu invraisemblables ne m’ont pas vraiment déçue ni même agacée tellement elles étaient bien campées dans un petit village étatsunien. On se serait cru en 1960, sur la route 66.
J’ai préféré L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset.J’ai beaucoup aimé non pour l’histoire comme telle, mais pour le style. Le choix de l’auteure d’écrire au « tu » donne une tout autre perspective au personnage. N’a pas la force (inégalable selon moi) du « Tu » de Anaïs Barbeau Lavalette dans La femme qui fuit, mais permet au lecteur de s’approcher très près de cette relation entre Catherine (je) et Thomas (tu). Et puis cette vie d’universitaire intellectuel m’étant inconnue, j’ai aimé la découvrir... et ne rien envier à cette incertitude de la profession de professeur, même passés trente ans. 
Comme toujours, j’ai été lire sur l’auteure Catherine Cusset puisqu’on disait que ce roman était autobiographique. Je n’ai rien trouvé sur sa vie, mais j’ai aimé sa réponse à la question « Pourquoi écrit-on? » : 
C’est évident que c’est parce qu’on a aimé des livres, c’est parce qu’on aime lire. Quand je lis un livre que j’aime, c’est complètement porteur, cela me donne tout de suite envie d’écrire, alors qu’au contraire, quand on lit des livres qu’on n’aime pas, qu’on trouve médiocres, c’est comme si l’imagination se tarissait donc écrire est complètement lié à la lecture.
Quand un-e auteur-e qui vit de sa plume écrit exactement ce que je pense, je me plais à croire pendant quelques minutes que si je pense ainsi, c’est que je suis aussi une vraie écrivaine! Laissez-moi mes illusions quelques instants encore!
J’ai feuilleté Vi de Kim Thuy. Ça ne m’intéresse plus vraiment la vie d’immigrante de Kim Thuy. Mais je la comprends très bien de profiter de la popularité dont elle jouit. L’exotisme est toujours vendeur. Un nom étranger est souvent synonyme de talent chez les créateurs culturels. Hélas pour les autres.
J’ai commencé La grand-mère de Jade de Frederique Deghelt.Un autre roman où les personnages lisent et écrivent. Un hasard si ces livres me tombent dans les mains ces mois-ci? Qu’importe, bien sûr j’aime et je me lasse aller.
Entre chaque chapitre, j’ai beaucoup fermé les yeux, me suis assoupie, me suis soignée. Me suis reposée le jour de la toux de la nuit.
Et j’aime l’hiver. Je ne sens pas le besoin d’aller guérir mes maux ou chercher mes mots là où il fait plus chaud.