Votre mission, Madame Bougrenette, si vous décidez de l'accepter, sera de récupérer dans votre livre du moment, à la page 123, 4 lignes à partir de la ligne 5. Comme toujours, si vous ou l'un de vos lecteurs-joueurs étiez capturés, torturés, dépecés, tués ou mangés, Noée nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Cet ordre de mission s'autodétruira dans cinq secondes.
"... cheminer dans ses allées à la manière d'un géant explorant le pays des Lilliputiens.
Fric s'y trouvait en plein coeur.
Il avait réparti des armées de soldats à travers ce territoire, et jouait à la fois au petit train et à la guerre."
J'aime les histoires d'ange, surtout les faux, les fabriqués, les fabulés, les inventés, ceux qui se découvrent un matin des ailes dans le dos, mais qui se font du mal à trop vouloir voler, ou trop haut, ou trop beau, les anges abimés, épuissés, usés d'avoir trop rêvé, aux creux des nuits qui s'étirent. Mais l’ange reste sans visage, heureusement, finalement, juste une substance, une essence, précieuse, un parfum subtile que l’on devine, à peine, une présence qui se dévoile, dans un souffle contre sa joue et qui disparaît à la fin de la nuit. On se surprend soudain à l'effleurer d’une caresse, à plonger dans l’ivresse d’une pensée, insensée, tout doucement, on la serre contre son cœur avant de la couvrir d’un désir, tout juste envisagé, à peine fantasmé. Juste un plaisir à en frémir, pour mieux dormir, et dans un soupir, s’éteindre dans son étreinte. Une recherche de tendresse, à l’emporte pièce, ça fait du bien, comme ça fait mal, fatal. Et on s’accroche, pour rien, cherchant en vain. Posant des mots et des images, volages, sans reflets à des histoires, fugaces, qui laissent pas de traces. Il ne faut pas que ça casse. Et les anges tout autour.