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Lever la tête

Publié le 14 janvier 2017 par Fbaillot

serres-defDepuis trois ans, à Templemars, mais aussi dans toutes les communes voisines où j’ai eu l’occasion de me rendre à l’occasion des cérémonies des vœux, on ne peut échapper au rappel des événements tragiques qui ont ponctué notre pays.  En 2016, nous avons payé de nouveau très cher la folie du monde, à Nice, à Saint-Etienne du Rouvray, comme nos amis belges, allemands, turcs, pour ne pas parler de ce que vivent les habitants de Mossoul, d’Alep, de Bagdad et bien d’autres.

Je n’ai pas la prétention de vous proposer une analyse géostratégique, ni même des éléments de réponse à ces drames, à ces morts inutiles.

En revanche,  nous avons la responsabilité dans notre commune, comme dans les 35 756 communes françaises, ces unités de base de la démocratie, d’offrir des réponses rassurantes, apaisantes aux interrogations, aux angoisses que nous éprouvons à la vue de ces images terribles qui déferlent dans nos vies.

C’est pourquoi nous nous sommes efforcés, à Templemars comme dans la plupart des communes voisines, de maintenir les rendez-vous festifs et sportifs prévus, tout en renforçant les dispositifs de sécurité, souvent avec les conseils et les recommandations de la police nationale et de la préfecture.

Nous devons apprendre à vivre avec ces nouvelles contraintes, rien ne permet d’imaginer qu’au cours de cette nouvelle année et par la suite, le niveau de menace va baisser. C’est la raison pour laquelle notamment nous avons pris  en conseil municipal la décision de participer au groupement de commande lancé par la Métropole européenne de Lille pour la fourniture, la pose et la maintenance d’équipements de vidéosurveillance, qui prendront progressivement place dans la commune.

Je ne pense pas, nous ne pensons pas qu’un seul équipement, même sophistiqué, puisse constituer une parade absolue, et puisse surtout rétablir ce sentiment de sécurité dont nous avons besoin pour vivre en paix. Mais c’est un élément supplémentaire que nous mettons en place, aux côtés par exemple du policier municipal, un agent de proximité indispensable.

Croyez bien que nous demeurons attentifs et que nous continuerons à adapter  les moyens que nous mettons en œuvre aux nécessités de la situation.

Et puis, notre réponse ne peut se limiter à une seule option sécuritaire. Nous avons un devoir d’optimisme. A chaque fois que l’occasion se présente, nous nous efforçons de montrer que le pire n’est pas toujours la seule solution qui s’offre à nous.

Nous devons parfois relever la tête, faire preuve de dignité mais aussi de clairvoyance, pour mieux comprendre. J’aime bien cette phrase d’Albert Camus, ce philosophe et écrivain auteur notamment de « La Peste » mort en 1960, je dis ça pour les plus jeunes d’entre nous : « Il n’y a pas de vie valable sans projection sur l’avenir, sans promesse de mûrissement et de progrès. Vivre contre un mur, c’est la vie des chiens » Pour vivre notre quotidien, il faut tenir compte des erreurs du passé, mais il faut aussi se projeter sur ce qui présente devant nous.

Je pense que dans les projets qui mûrissent sur le territoire de notre belle ville se trouvent de bonnes raisons d’être optimistes.

En premier lieu, il ne vous a pas échappé que les constructions de nouveaux logements se font à présent à bonne allure, après une longue gestation. D’autres projets pointent d’ailleurs, dans le même secteur et ailleurs. Si certains nourrissent des inquiétudes à propos de ces constructions, je leur offre la dernière livraison de l’Insee sur les chiffres de la population templemaroise, particulièrement éclairants : nous sommes 3297 Templemarois. Je me rappelle d’une époque pas si éloignée où nous approchions les 3500 habitants.

La population de la commune a donc baissé au cours des 20 dernières années. On connaît bien les raisons de cette courbe : le nombre de personnes par foyer diminue. C’est ce que les urbanistes appellent le phénomène de la décohabitation : les enfants quittent le foyer familial et ne trouvent pas de logement adapté à leur besoin à proximité, tendance amplifiée par l’augmentation des foyers monoparentaux. Si nous étions restés les bras croisés, nous aurions risqué la fermeture de services publics, un vieillissement accéléré de notre population. Fort heureusement, les réalisations en cours et celles à venir couvrent systématiquement un large éventail d’offres de logements, en location ou en achat, ce qu’on appelle des programmes mixtes. Elles nous laissent envisager un dynamisme de population satisfaisant et des possibilités élargies de «parcours résidentiel» tout au long de la vie au sein de la commune.

Je suis d’ailleurs très heureux de pouvoir vous confier un scoop que madame Soufflet, l’inspectrice départementale de l’Education nationale nous a confirmé en début de semaine : l’école élémentaire Pasteur accueillera en septembre une nouvelle classe.

J’ai également le plaisir de vous tenir informé du concours d’architecture que nous avons lancé pour la refonte des équipements scolaires de la commune. Trois cabinets sont en train de « plancher » sur un programme qui permettra d’offrir un nouvel accueil des enfants, des classes supplémentaires et des locaux de restauration agrandis. Verdict du concours en mars, pour un début des travaux envisagé début 2018. Cela nous permettra d’accueillir dans de bonnes conditions les enfants des nouveaux Templemarois qui vont arriver progressivement dans les années prochaines.

Autre bonne nouvelle : le très haut débit, ce n’est plus une chimère ! Vous avez sans doute suivi les tours et les détours de ce dossier, l’incapacité d’un opérateur à mettre en œuvre ce à quoi il s’était engagé, la dénonciation du contrat signé par la Métropole européenne de Lille avec cet opérateur et la reprise de ce marché par Orange, qui a jusqu’à présent donné toute satisfaction dans le respect des délais, là où il a opéré. Les premières réunions avec Orange sont prévues en ce début d’année, et nous devrions être en mesure très rapidement de vous transmettre un calendrier précis et les modalités d’installation de la fibre optique et de passage au très haut débit sur l’ensemble du territoire de la commune et dans chaque foyer qui souhaitera s’équiper. Ouf !

Puisque nous allons pouvoir entrer de plain pied dans l’ère numérique, j’ai le plaisir de vous indiquer que nous mettons ce soir en ligne une page Facebook « Ville de Templemars », que je vous invite à « liker » et à alimenter. Charlotte et James nous préparent un « direct » de cette soirée des vœux, et il nous préparer une petite surprise pour les tout prochains jours. Dépêchez-vous de vous connecter.

Dans cet intervalle, nous devrions pouvoir disposer d’autres installations attendues depuis longtemps : des bornes de recharge pour les véhicules électriques, un garage à vélo à la gare de Wattignies-Templemars ainsi que dans la zone d’activités, voici de quoi permettre de réduire l’usage de la voiture particulière au profit de moyens de locomotion plus respectueux de notre environnement. Et à Lesquin une aire de grand passage pour les gens du voyage, ce qui devrait permettre de faire baisser les tensions régulièrement créées par les incursions de caravanes sur le domaine public ou privé à Templemars et dans les communes alentour. N’oublions pas le projet d’échangeur dit de Templemars, qui va entrer en phase d’enquête publique et permettre de trouver des solutions à la saturation quasi-quotidienne des axes de circulation autour de notre commune.

Vous m’en voudriez si je n’évoquais pas le projet de boulodrome intercommunal que nous allons créer avec nos voisins de Wattignies. Ce projet a suscité des inquiétudes bien légitimes auprès des pratiquants de la pétanque, qui craignaient de perdre le cadre qu’ils connaissaient à proximité du complexe sportif de la commune.

Je crois avoir pu leur expliquer ce que nous voulions leur proposer et commencer à apaiser leurs inquiétudes. D’ici le printemps prochain, les boulistes pourront continuer à pratiquer leur activité au sein de la commune, mais ils auront en complément une installation couverte et chauffée leur offrant 13 pistes, un club house capable d’accueillir les pratiquants de Wattignies et de Templemars, à quelques encablures des limites de notre territoire communal. J’en profite pour remercier le maire de Wattignies, son conseil municipal et ses services techniques, qui ont tout de suite compris l’intérêt partagé d’un équipement mutualisé, et la métropole européenne de Lille qui s’est engagée à soutenir financièrement ce nouvel équipement intercommunal.

Je m’en voudrais aussi de ne pas vous donner des nouvelles de Ash, la commune du Kent avec laquelle nous sommes en train de conclure un jumelage. Une délégation de Ash est venue nous rendre une petite visite au mois de décembre. Nous devrions nous retrouver un peu plus tard chez eux, pour la signature officielle de la convention de jumelage entre nos deux communes. Au moment où l’on nous parle beaucoup du Brexit, il est réconfortant de voir que nos amis anglais sont toujours aussi amoureux de notre pays et attentifs aux riches discussions et aux découvertes réciproques que nous ne manquerons pas d’avoir les uns et les autres dans les mois et les années qui viennent.

Vous le voyez, l’actualité n’est pas toujours rose, les raisons d’inquiétude sont nombreuses, partout le populisme, la médiocrité, le rejet de l’autre rôdent quand ils ne prennent pas le pouvoir, mais il existe encore de très nombreuses raisons d’avoir foi en notre prochain. J’en profite pour saluer chaleureusement une nouvelle association qui s’est créée sur notre territoire, porteuse de riches promesses. « Terre d’accueil en Pévêle-Mélantois » s’est fixé pour objectif l’accueil de familles réfugiées et leur intégration dans notre société. Ces bénévoles, qui portent haut les valeurs de ce qu’on appelle la «société civile» ont mis en œuvre beaucoup de pugnacité et de débrouillardise mais aussi de discrétion pour accueillir dans notre secteur un couple originaire d’Erythrée, et une deuxième famille dans quelques jours je crois. Notre pays est confronté à des épreuves, mais ce regard sur les autres permet de relativiser les difficultés que nous rencontrons. Nous vivons dans la paix, notre niveau de vie demeure élevé. Nos conditions de vie ne sont en tout cas pas comparables avec celles que vivent d’autres femmes et d’autres hommes dans le monde. Si chacun accepte de donner un peu de son énergie, de son temps, pour accueillir ces réfugiés de la guerre et de la misère, dans la mesure de nos moyens, nous nous enrichissons, individuellement et collectivement.

Pour vivre heureux, certains disent qu’il faut vivre caché, je pense personnellement, qu’il faut parfois lever la tête.

Beaucoup d’entre vous le savent, j’ai consacré une bonne partie de ma vie professionnelle au journalisme et à la formation des journalistes. Vous imaginez bien que je ne suis pas insensible à ce que vivent ces jours-ci les salariés de la Voix du Nord, ce grand quotidien régional que je connais particulièrement bien. Un journal, c’est une marchandise qui s’achète, mais c’est beaucoup plus aussi, c’est un peu de notre démocratie, de notre vivre ensemble, par lequel nous nous tenons au contact les uns des autres, comme nous essayons de le faire au sein de notre commune. La presse et les moyens d’information contribuent à nous aider à relever la tête. Je tenais ce soir à assurer mes anciens collègues salariés de la Voix du Nord de mon soutien dans les heures difficiles qu’ils traversent.

Je voudrais terminer cette intervention en vous racontant une histoire entendue récemment et qui met en relation deux très belles personnes de notre pays. Voici ce que disait la plus jeune à son aîné : « Moi je vous ai écouté comme philosophe, comme celui qui se permet, parce qu’il a étudié, parce qu’il est sage, de donner un sens, donner une voix – et après à ceux qui l’écoutent d’essayer de la transcrire en faits.
 J’ai finalement trouvé dans le petit garçon que j’étais une voix qui était un rêve complètement fou, mais c’est parti d’un monsieur qui vous dit “écoutez cette petite voix, allez jusqu’au bout de vos rêves et ce rêve-là en alimentera un autre qui en fera faire un autre, etc.“ Vous êtes l’un de ceux qui m’a inspiré et m’a fait aller jusqu’au bout. »

Celui qui parle s’appelle Thomas Coville, il vient de battre en 29 jours le record du tour du monde à la voile, et il s’adressait l’autre jour au philosophe Michel Serres. Comme Thomas Coville, relevons la tête et continuons à tenter de réaliser nos rêves les plus fous.

Je vous souhaite une très belle année 2017.


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