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Sollers à Salerno

Publié le 14 janvier 2017 par Jlk

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Heptaméron du Bain Japonais. De l’hormone du lien et du bien-être, au tournant de la page 460 d'Une vie divine de Philippe Sollers. 

A La Désirade, ce dimanche 29 janvier 19**. – Il a fait tout ce jour de neige une chaleur sulfureuse, puisque la fantaisie m'a pris de  l'imaginer dans le Bain Japonais de Salerne, avec mes sept épouses et mes deux Moi momentanément réconciliés.

La chimpanzée Winnipeg, qui se fait abusivement appeler Winnie, a profité de nos sensuelles ablutions pour semer la confusion dans les messages latéraux de ce carnet de lecture, prétendant que je me trouvais déjà lancé à destination de Siracuse, à bord de je ne sais quel train futuriste, à regarder le Macbeth de Welles en barbotant dans le jacuzzi ferroviaire, alors que nous nous trouvions bonnement plongés dans ce Bain japonais cerné de vieux notaires siciliens égrotants et ricanants qui se désignaient l’un l’autre ce Kama Sutrâ amphibiotique, là-bas dans les nuées d’eau à bubulles: cazzo mio, macchè spettacolo !

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La chimpanzée blonde est sortie, à mon insu, de la page 460 d’Une vie divine. C’est tout à fait le genre de la positiviste américaine que je rencontrai à sept reprises au cours de mes pérégrinations dans le monde et l’arrière-monde, me demandant à chaque fois à quelle Cause j’avais enfin résolu de me consacrer. L’idée que je puisse vouer ma vie à la lecture et à l’écriture l’insupportait absolument. La pire de ces réincarnations de la fameuse Petite Femme de Kafka, qui représente l’équivalent des Pépères scrutant les femmes-fontaines à la longue-vue phalloïde et tremblotante de culpabilité, me traqua sept jours durant dans les rues de Cordoue, avant que je ne la semasse (ceci est un subjonctif andalou typique) dans les enchevêtrements de la Mezquita.

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Winnipeg, qui se fait appeler Winnie, est la chieuse matérialiste humanitaire caractérisée, qui prétend avoir les pieds sur terre et à qui on ne la fait pas. A la page 461 du nouveau bréviaire de l’Ordre du Temple Sollers, il est rapporté qu’elle écrit ceci : « Quand un couple s’embrasse, se caresse, fait l’amour, mais aussi lorsqu’il parle, échange des idées ou rit, il y a libération d’ocytocine, hormone du lien et du bien-être, que le cerveau sécrète à volonté. Cela stimule le système immunitaire et ralentit le cœur. Avec l’ocytocine un couple dure. C’est un peu une paire de lunettes roses qui nous fait voir la vie avec bonheur ».
Autant dire que la chimpanzée blonde nous matait elle aussi, dans le Bain Japonais, soucieuse de nous voir échanger, comme elle disait, en clair : produire de l’ocytocine à surdose.
Moi l’un en avait la rage, tandis que Moi l’autre s’en amusait folâtrement, mais ce furent mes sept épouses, dans les reflets des sept miroirs constituant l’enceinte du Bain Japonais, qui me furent alors de meilleur conseil : «Raconte lui sept histoires à dormir debout et ça lui remettra ses lunettes roses, qu’elle nous foute la paix et qu’on puisse enfin exulter comme un dimanche à Salerne…»
Ainsi me vinrent les sept récits de l’Heptaméron du Bain Japonais, qu’on se procure à 2€ pièce à la boutique numérique de La Désirade ou sur demande (ne pas oublier le petit timbre).


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