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Sollers à Sorrente

Publié le 14 janvier 2017 par Jlk
Sollers à Sorrente

Une visite à Maxime Gorki, souvenir futur, des années après la disparition de Philippe Sollers, écrivain français s'estimant méconnu de son vivant mais redécouvert par les Chinois vers l'an 2055.

Sorrento, le 29 janvier 2068. - C'est peu avant de lire Une vie divine, en janvier 2006, que j'avais entendu parler pour la première fois de la cure de rajeunissement transgénique, et ce fut à la même époque, en passant boire un scotch (enfin un, façon de parler) à Ravello, avec mon ami Gore Vidal, que j'appris que le vénérable Alexeï Maximovitch Pechkov, alias Gorki, y avait eu précisément recours 70 ans après sa feinte mort de 1936 et qu'il savourait sa vendange tardive dans une humble cabane des hauts de Sorrente, comme au bon jeune temps.

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C'est par fidélité à la mémoire de Tchékhov, son maître à vivre bien plus qu'à écrire, que Gorki vivait alors de si modeste façon. L'ombre de la vergogne était descendue sur son front lorsque le petit père des peuples avait fait débaptiser Nijni-Novgorod, sa ville natale, pour l'appeler Gorki-ville, mais les camarades l'avaient achevé en donnant au Théâtre d'Art de Moscou le nom de Théâtre Gorki, alors que de toute évidence seul Tchékhov méritait cet honneur.

A 138 ans, et malgré sa mise de moujik post-apocalyptique (l'Europe s'était remise du Grand Djihad décrit avec exagération dans

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Cosmos incorporated, mais ça craignait encore pas mal jusque dans les provinces de la Botte...), Gorki avait l'air aussi fringant qu'à l'époque de Thomas Gordeïev ou que sur la fameuse photo de sa visite à ce vieux hippie avant la lettre de Léon Tolstoï.

" Staline m'a tuer ", raillait-il en évoquant sa fausse mort, " ou plutôt il a liquidé l'un de mes sosies en demandant à Benito de prendre soin de son ami écrivain, et j'ai fait croire que les jeunes fascistes pures et dures de l'époque ont fait le reste. Tu connais ma célèbre phrase, on l'ânonnait dans tous les collèges américains avant que la Et Maxime de conclure avec malice : " En réalité, les chevaux d'emprunt m'ont toujours fatigué après deux ou trois cavalcades, si bien que je n'ai jamais lâché ma Doussia, avec laquelle nous ne pratiquons plus que le

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political correctness n'y mette bon ordre : " J'ai vécu avec ma femme durant quatre ans, je n'ai pu me décider à vivre avec elle davantage. Il est plus commode de vivre tout seul; on est alors maître de sa vie, ce qui n'est pas si mal ! Et puis, pourquoi avoir un cheval à soi quand il y a des chevaux d'emprunt "...
French kiss depuis 1968, année de libération comme tu sais. Or je ne fais plus, aujourd'hui, que relire Oblomov et les récits de mon cher Anton Pavlovitch en regardant la mer qui scintille de tout son strass entre les lauriers roses... "

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