Et si, indépendamment des techniques, des courants et des revendications artistiques, on pouvait aborder l'histoire de l'art du point de vue de la perception visuelle de l'artiste ? Dans cet essai devenu un classique, Heinrich Wölfflin définit cinq catégories optiques transversales qui caractérisent les œuvres d'art.
Quatrième de couverture : Les Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, originellement parus en 1915, sont considérés comme l'un des ouvrages les plus importants sur le sujet. Cet essai fut perçu comme révolutionnaire à sa sortie parce qu'il représentait l'une des premières tentatives pour construire une science de l'art à travers l'analyse de l'évolution du style. D'un intérêt pédagogique capital pour l'étude du baroque, son mérite principal est de mettre à notre disposition des catégories à la fois précises et transversales, que ce soit dans le domaine des arts plastiques, de la peinture, de la sculpture et de l'architecture. L'approche pédagogique permet de caractériser les styles classique et baroque de manière ferme et précise sans recourir à des expressions trop vagues et trop générales. A la fois systématique et subjective, l'approche inégalée de Wölfflin nous séduit encore par sa description à la fois rigoureuse et savoureuse des œuvres d'art.
Mon avis : Prenez quatre peintres. Ils vivent dans le même pays, à la même époque et appartiennent au même courant artistique. Installez-les devant le même paysage et faites-les peindre ce qu'ils voient. A votre grande surprise, vous obtiendrez quatre peintures différentes, tout simplement parce que chaque peintre a une vision différente des formes, des lignes, des profondeurs, des contrastes, etc.
C'est avec cet exemple que Heinrich Wölfflin introduit ses Principes fondamentaux de l'histoire de l'art. Dans cette approche inédite de l'histoire de l'art, il tente de mettre en évidence les formes fondamentales de l'art (il définit cinq catégories), les différentes manières d'appréhender la nature et leur évolution. L'auteur base son étude sur les 16ème et 17ème siècles, qui ont vu l'art évoluer du classique au baroque.
Heinrich Wölfflin décrit longuement et avec précision chacune des cinq catégories qu'il a définies pour analyser l'histoire de l'art du point de vue de ce qu'il appelle la "vision". Il s'appuie sur de nombreux exemples concrets d'œuvres picturales et architecturales. Dans l'édition Pocket, ces dernières sont reproduites en noir et blanc au fil de l'analyse, ce qui permet de mieux comprendre les explications de l'auteur.
Malgré cela, le discours de Wölfflin reste très pointu et il vaut mieux avoir déjà des bases solides en histoire de l'art pour saisir toutes les nuances de son analyse. Il s'agit donc d'un ouvrage incontournable pour les étudiants, les spécialistes et les passionnés du détail, mais qui risque de rebuter les simples curieux.
Principes fondamentaux de l'histoire de l'art de Heinrich Wölfflin, Pocket, réédité en 2016, 358 pages