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Sollers à Samos

Publié le 19 janvier 2017 par Jlk

Sollers à SamosLe Mystère du Présent
Que s’était-il passé à Santorin ? A quels jeux s’étaient donc livrées Ludi et Nelly pendant que Sollers cuvait sa biture de Mykonos ? N’était-ce pas la main de Ludi qui avait graffité, dans la langue de Rabelais et Minou Drouet, sur un mur immaculé du bourg donnant sur le cratère immergé, l’impertinente inscription en lettres bleu cobalt : STAVROS M’A BAISER ?
Le vent des îles bienheureuses n’est pas à l’instant présent le même qu’il y a une mortion de pinute, avait conclu Sollers en enjambant les flots de Patmos, où il salua les mânes de l’Evangéliste, avant de reprendre, à Samos, les notes qu’on trouve consignées aux pages 473 et 474 d’ Une vie divine, qu’il n’est donc que de citer.
Sollers imagine alors que M.N., personnage hybride et diachronique dont les initiales représentent le clone bicéphale de Friedrich Nietzsche et de lui-même en personne, décide de faire passer le début de l’Evangile de Jean de l’imparfait au présent.
« L’effet est considérable », commente Sollers. « Comme dit l’Autre (c’est ainsi que le néocatho partageant avec le nouveau pape le goût du clavecin et de Mozart appelle le Palestinien Iéshouah, Notre Seigneur) à plusieurs reprises : l’heure vient et c’est maintenant ».
« Ici, maintenant, au commencement, est le verbe
Et le verbe est avec dieu
Et le verbe est dieu.
Il est sans cesse, sans commencement ni fin, avec dieu.
Tout est par lui,
Et sans lui rien n’est.
Ce qui est en lui est la vie,
Et la vie est la lumière des hommes,
Et la lumière luit dans les ténèbres
Et les ténèbres ne la saisissent pas »
Et Sollers de développer ce commentaire qui me semble un des plus beaux passages d’Une vie divine :

« Comparez avec l’imparfait, qui appelle forcément un futur : ce n’est pas du tout la même chose. Ainsi parle, ici et maintenant, le verbe, le dieu, la vie, la lumière. Pas besoin de majuscules, ça ralentirait la percée. Tout le reste est ténèbres, ou plutôt n’est pas. Les ténèbres ne saisissent pas ce que je viens de dire. Le plus mystérieux, c’est le temps qu’il faut pour se dire : cette minute, je l’ai déjà vécue un nombre incalculable de fois et je vais la revivre éternellement. Résultat : l’encre, la plume, le papier, l’encre en train de sécher sur le papier, merveille ».
Et cela enfin pour achever cette oraison des îles et de partout que je recopie à l’instant à La Désirade en face des monts enneigés et du lac argentin : « Là où je suis maintenant, la brise nord-est, ma préférée, apporte tout l’océan avec elle. Ne le répétez à personne, mais j’ai de plus en plus le sentiment que les arbres me pSollers à Samosarlent. Pas tous, certains. Les acacias, par exemple. Vous parlez l’acacia ? Couramment. Depuis quand ? Depuis toujours, mais de mieux en mieux, il me semble »…


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