Magazine Journal intime

J’ai pris le train pour aller voir Jean-Philippe Darcis... en vrai !

Publié le 24 juin 2008 par Anaïs Valente
Et aller à Verviers en train s’avère être une véritable aventure, croyez-le, puisque, comme d’habitude, le train est en retard, sacrebleu.  Fort heureusement, il est annoncé d’une voix mielleuse durant le voyage que la correspondance pour Verviers sera assurée (donc que le prochain train sera lui aussi en regard).  Alléluia, y’a un dieu pour les amateurs de macarons. 
Dans ce second train, un omnibus qui doit dater d’avant-guerre (et je parle ici de la guerre 14-18), les arrêts ne sont pas annoncés.  J’angoisse donc à chaque arrêt et scrute désespérément les quais afin de m’assurer que je ne dois pas descendre.  Stressée moi, naaaaaaaaaaaan, voyons, qu’allez-vous imaginer.  Je m’adresse donc à un charmant jeune homme mignon tout plein et aux cheveux carotte et lui demande, d’un air angoissé « oùskon est là ? on est où ? c’est où ici ? », « Pépinster », me répond-il d’une voix grave et séduisante.  « Pas Verviers alors ? » ... regard inquiet pour ma santé mentale, signifiant « si c’est Pépinster, c’est nin Verviers hein (avec l’accent de Liéééééch’ en bonus) ».  Soit.  Une fois à Verviers, il se tourne vers moi et me dit « Voilà, Verviers ».  Et moi « C’est Verviers ? »... second regard inquiet.  Mais sympathique.  Sans doute un peu compatissant.  Mais keskil est mignon ce jeune homme.  Voilà, j’en suis réduite à baver devant les petits jeunes devenus inabordables vu mon grand âge. 
Je sors de la gare, me retourne pour l’admirer et surtout pour la reconnaître à mon retour.  Futée hein.  Ben quoi, si je ne regarde pas la tronche de la gare, comment voulez-vous que je sache y retourner au soir.  CQFD.  Clair qu’elle est jolie, la gare de Verviers.  Et le chemin jusque chez Darcis l’est aussi, théâtre, parc ensoleillé.  A la fois calme et agitée, Verviers est une petite ville qui dispose cependant du minimum vital : un magasin de fringues qui n’existe pas à Namur, où je m’offre deux toutes petites choses pas chères pas chères et un Mac Do pour me ravitailler.  Je suis sauvée.  J’avais pourtant analysé les sites web de Quick et Mac Do la veille, dans l’espoir d’en trouver un sur Verviers, mais rien de rien.  Petits filous, c’était une surprise.  Il fait une chaleur déjà épouvantable, je décide donc de manger très très léger : un ersatz de cheeseburger dans lequel le ketchup est remplacé par de la sauce au poivre et la rondelle infecte de cornichon par de la salade.  Je le mange en plein soleil.  Délicieux.  Mais j’ai chaud.  Super, je vais puer des dessous de bras.  Faut que j’achète du déodorant avant d’aller au temple du macaron.  Impératif.  Sauf que j’en trouve pas, du déodorant.  Je retire donc ce que j’ai dit : Verviers ne dispose pas du minimum vital.
Je m’oriente ensuite vers le salon et l’atelier Darcis, pour les quelques heures de bonheur que je vous ai contées hier.
(relire le billet d’hier si nécessaire)
Le soir venu, je fais le chemin inverse, bien plus lourdement chargée.  Marchandises précieuses, qui plus est.  J’ai faim.  Passque finalement, à part un Coca light dans l’après-midi, accompagné d’une petite praline, à part un demi-macaron, j’ai plus rien mangé depuis l’ersatz de cheeseburger de midi moi.  Je repasse donc manger le même ersatz de cheeseburger (on ne change pas une équipe qui gagne), puis je rejoins la (belle) gare.
Cette gare est pleine de portes, et j’ai les mains pleines de sacs.  Fort heureusement, la galanterie existe encore, et un monsieur m’ouvre la porte, petit sourire aux lèvres.
Je m’installe sur un banc, sur le quai, en plein soleil, et je saisis mon livre (le dernier Janine Boissard, dévoré sur l’aller-retour).  L’ambiance est calme.  Arrivent quatre petite jeunes filles accompagnées d’une adulte.  Selon leurs conversations, deux d’entre elles partent en Nouvelle-Zélande (Aaaah, kiwis kiwis).  Elles sont surexcitées et leur joie fait plaisir à voir.  L’une des quatre, qui ne part pas, demande à l’autre de lui rapporter des boucles d’oreilles fabriquées par sa tante, là-bas, si loin.  Elles rient et entament une bataille d’eau, à grands coups de bouteilles.  Je crains le pire pour mes pâtisseries, mais la mère s’interpose et les fait cesser.  Ouf. 
Au loin, un jeune homme est pensif, sur un banc, tête baissée.  A quoi pense-t-il ?  Rupture ?  Retrouvailles angoissées ?  Examens difficiles ?  Tristesse ou réflexion ?
A côté de moi, une femme noire en robe hyper colorée lit.  En douce, je repère le titre du livre « prête à tout abandonner ? »
Un départ en Nouvelle-Zélande.  Un titre de livre équivoque.  Dois-je y voir un message divin ?
J’y réfléchis un bref instant, puis me replonge dans la lecture d’un article sur Christophe Willem, dans Métro festival trouvé sur le banc.  Il vient aux Francofolies, et j’en bave d’envie. 
Le train m’emmène à Liège, où la gare est littéralement gorgée de soleil.  Il est presque 20h et il fait chaud.  Je crains le pire pour mes gâteaux, que je tente tant bien que mal de garder à l’ombre.  Je suis tellement chargée que je dépose mon gilet et ma veste (oui, en partant à l’aube, souvenez, vous 9h49, j’ai cru qu’il faisait frisquet, mal m’en a pris) sur la boîte de gâteaux.
Le calme en gare de Guillemins est incroyable.
Le train arrive avec dix minutes d’avance.  Mais partira avec dix minutes de retard.  Attente d’une correspondance.  J’aime les attentes de correspondances uniquement lorsqu’elles m’arrangent.
De retour à Namur, j’ai immédiatement un bus, et peu après 21h, me voilà at home, afin de lire les dernières pages de mon livre, sur un transat, en terrasse, après avoir rangé mes gâteaux au frigo.  La boîte est totalement écrasée par mon gilet et ma veste (c’est que ça pèse, une veste, sur une pauvre boîte de gâteaux), mais seule une tartelette en a perdu son chapeau de meringue italienne, qui s’est collé au couvercle en carton et que j’engloutis en une bouchée.  Divine.
Je fais rafraîchir tout le reste.  J’ingurgite quelques pâtes.  C’est que la route, ça creuse.  Et peu après minuit, je me gave d’un éclair au jasmin et fraises (jamais rien mangé d’aussi bon, je vous le dis), et d’une tartelette citron meringuée (savant mélange entre l’acidité du citron et le sucré de la meringue, sur fond biscuité croustillant à souhait).  Je garde les macarons pour le lendemain, comme l’a suggéré Monsieur Darcis.
Voilà une jolie aventure qui se termine, merci Monsieur Darcis pour votre accueil, votre sourire et votre passion.

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