[TOUJOURS LA LANGUE VEUT DIRE] T oujours la langue veut dire. L'air. L'eau. La terre. Les écluses du corps. Les séjours de l'esprit. L'immensité captée dans un miroir de poche. Le loin de la fenêtre vu. Ciel découpé au carreau et sa hauteur à portée de main. Lumière traversière que je traverse comme un chuchotement tant est naine ma taille à proportion. Instant précieux. Claude Ber, " L'inachevé de soi " in
Fugacement, sur la soie tiède d'un rai de lumière le temps voluptueux. Derrière la herse de rayons, une perfection accessible. Clarté de l'air tombée des toits pentus.
Dans une communauté tactile de matière le jour, la peau, les pigments et les pores. Respiration. Avant voir.
Avant sentir. Avant être. Dans vivre
lavé de tout.
[...]
Je passe le bras sur ta nuque. Ta peau est légère. Tes cheveux parfumés.
Est-ce un pressentiment d'éternité leur glissé entre mes doigts
à te lever cette élégance
et la voix résonnant pour nous seuls quand nous aimons.
Au lointain d'exister
nous nous joignons.
Épaules délestées du lourd de leur fatigue. Parées de pluie, qui tombe fine sur fond de nuit assombrie s'éclaircissant dans sa hauteur comme un angle d'équerre. Où demeurer debout. Dans une posture de gisant redressé.
Au secret entre les lèvres
pommier fleuri dans le bombé des joues
le vivre nu.
Il y a des choses que non, Éditions Bruno Doucey, Collection " Soleil noir ", 2017, pp. 59 et 63.