-Ti-Louis, fa un homme de toé. Il s'est essuyé les yeux et a suivi le cortège!Début des années 90... Ti-Louis se fait garder quelques fois par votre humble serviteur, pendant que son fils, dit le plein de marde, va dépenser son argent gagné durement dans une ''slot machine'' de dépanneur. J'allais fendre du bois avec le bonhomme. Sa ''shed'' était d'une autre époque, tout droit descendue du début du siècle! Il y avait dans cette ''shed'' magique un ''bucksaw'', une vraie hache de bûcheron (pas une hache de feluette), des bretelles pour les pantalons, des pics pour pogner les bûches, des vieilles égoïnes et des photos de Maurice Richard pis du frère André!Il me faisait placer son bois, pis je fendais quelques bûches pour 10 piasses. Parfois, il me parlait de son époque. C'était des grands moments de bonheur que je ne partageais avec personne, comme un cadeau qui m'était désigné, que je conservais jalousement! Ti-Louis était vieux, très vieux. Sa vie l'a rattrapé et ses dernières années n'ont pas été de tout repos, car son fils dit le plein de marde, qui habitait avec lui, le battait parfois et lui volait tout son argent. Ti-Louis était trop vieux pour se défendre, il avait quand même 82 ans bien sonnés!La dernière fois que j'ai vu Ti-Louis, c'était à l'hôpital d'Argenteuil en 1993. J'étais allé le voir seul, moi qui à l'époque était toujours enfermé chez nous. Ça tenait de l'exploit! Ti-Louis était plogué de partout dans la chambre 114. Il refusait de manger, il voulait en finir. Je suis entré dans la chambre avec des pas de souris sous mes souliers... Il était là, à moitié mort, maigre comme jamais je l'ai vu, blanc comme un drap, et il avait perdu l’usage de la parole. Il n'avait plus rien du draveur de l'époque, ni de l'homme fort de St-Lin, ni du batailleur de taverne. Il était maintenant comme tout le monde, un mortel au bout de sa vie. Je me suis approché et puis...Moi: Ta belle Rose-Alma t'attend, Ti-Louis.C'était la première fois que je me permettais de l'appeler Ti-Louis devant lui… j'étais gêné. Je lui ai donné un bec sur le front et j'ai cru voir un sourire dans sa face! J'ai fermé la porte et, le soir même, Ti-Louis allait rejoindre sa belle Rose-Alma pour un monde qu'on dit meilleur!Ti-Louis-Fondateur de la côte de sable-Bâtisseur -Inventeur de l'huile à bras-Draveur-Bûcheron-Mangeur de graisse de rôtie-Mâcheur de gomme d'épinette-Batailleur à mains nues-Signeur de x -Jongleur de bucksaws-Donneur de 5 piasse -Bénisseur de famille-Empileur de cordes de bois à l'infini*source de la photo: Archives nationales du Québec*
-Ti-Louis, fa un homme de toé. Il s'est essuyé les yeux et a suivi le cortège!Début des années 90... Ti-Louis se fait garder quelques fois par votre humble serviteur, pendant que son fils, dit le plein de marde, va dépenser son argent gagné durement dans une ''slot machine'' de dépanneur. J'allais fendre du bois avec le bonhomme. Sa ''shed'' était d'une autre époque, tout droit descendue du début du siècle! Il y avait dans cette ''shed'' magique un ''bucksaw'', une vraie hache de bûcheron (pas une hache de feluette), des bretelles pour les pantalons, des pics pour pogner les bûches, des vieilles égoïnes et des photos de Maurice Richard pis du frère André!Il me faisait placer son bois, pis je fendais quelques bûches pour 10 piasses. Parfois, il me parlait de son époque. C'était des grands moments de bonheur que je ne partageais avec personne, comme un cadeau qui m'était désigné, que je conservais jalousement! Ti-Louis était vieux, très vieux. Sa vie l'a rattrapé et ses dernières années n'ont pas été de tout repos, car son fils dit le plein de marde, qui habitait avec lui, le battait parfois et lui volait tout son argent. Ti-Louis était trop vieux pour se défendre, il avait quand même 82 ans bien sonnés!La dernière fois que j'ai vu Ti-Louis, c'était à l'hôpital d'Argenteuil en 1993. J'étais allé le voir seul, moi qui à l'époque était toujours enfermé chez nous. Ça tenait de l'exploit! Ti-Louis était plogué de partout dans la chambre 114. Il refusait de manger, il voulait en finir. Je suis entré dans la chambre avec des pas de souris sous mes souliers... Il était là, à moitié mort, maigre comme jamais je l'ai vu, blanc comme un drap, et il avait perdu l’usage de la parole. Il n'avait plus rien du draveur de l'époque, ni de l'homme fort de St-Lin, ni du batailleur de taverne. Il était maintenant comme tout le monde, un mortel au bout de sa vie. Je me suis approché et puis...Moi: Ta belle Rose-Alma t'attend, Ti-Louis.C'était la première fois que je me permettais de l'appeler Ti-Louis devant lui… j'étais gêné. Je lui ai donné un bec sur le front et j'ai cru voir un sourire dans sa face! J'ai fermé la porte et, le soir même, Ti-Louis allait rejoindre sa belle Rose-Alma pour un monde qu'on dit meilleur!Ti-Louis-Fondateur de la côte de sable-Bâtisseur -Inventeur de l'huile à bras-Draveur-Bûcheron-Mangeur de graisse de rôtie-Mâcheur de gomme d'épinette-Batailleur à mains nues-Signeur de x -Jongleur de bucksaws-Donneur de 5 piasse -Bénisseur de famille-Empileur de cordes de bois à l'infini*source de la photo: Archives nationales du Québec*