Rue des Maléfices avait distillé ses enchantements au printemps dernier, Troquets de Paris récidive en cet hiver de haute froidure. La mystification révélée, voici que la chronique contiguë (la sélection des éditeurs ne se fonde pas sur la chronologie) est datée du 31 décembre 1966, autrement dit à l'aube de l'an 1967 sur laquelle j'ai jeté mon dévolu avec ce projet.
Il y redit sa crainte de la "dépersonnalisation", de la montée en puissance d'une architecture de ruches et de clapiers, "des alvéoles où l'ennui suintera des parois."Il a cependant bon espoir qu'un mouvement de rébellion va entraver cette marche mécanique et il finit sur une note optimiste :
"En 1967, et dans les années qui suivront, "notre" bistrot familier restera notre seconde famille. Et l’Étranger - près de nos facultés surtout - sera le bienvenu, et manifestera de plus en plus l'émouvant attachement (que je constate tous les jours) pour notre ville et la communauté que nous représentons.Trois ans plus tôt, en 1964, Yonnet avait participé à un documentaire de Claude Dagues, intitulé Paris des maléfices, que l'on peut télécharger sur le site de l'INA. En voici l'extrait gratuit :
Il y a lieu, on vous l'assure, de considérer l'avenir d'un œil serein.
(...) Pour moi, j'inaugure ma septième année d'"apostolat" à l’Auvergnat en levant mon calice : à la bonne vôtre et bonne année !" [C'est moi qui souligne]
Hier, j'ai visionné sur Mubi, avant qu'il n'expire, le film que Jean-Luc Godard a tourné en 1967, Deux ou trois choses que je sais d'elle, avec Marina Vlady dans le rôle principal. Un film revêche, qui ne cherche guère à plaire, qui ennuie de temps à autre mais brosse aussi un portrait saisissant de cette mutation que dénonce Jacques Yonnet, avec un tournage en banlieue, parmi les grands ensembles de La Courneuve.
Développement irrésistible de la société de consommation, avec l'omniprésence des marques et de la publicité, culminant dans ce plan de la fin du film :