L’antre Irréel

Publié le 05 février 2017 par Sharlen @Sharlen_Phileas

La nuit, la rue, la lune et deux verres de rhum déguisés en jus d’orange.
Je marche seule, de la musique dans les oreilles.
Un artiste tout juste découvert, je l’écoute en boucle, il a le don de chatouiller mes pensées sur les côtes jusqu’à les rendre hystériques.
Petit à petit, mes pieds quittent le bitume et je me mets à avancer dans ma tête.
Ce faisant, je constate que ma matière grise a déposé les armes.
J’en profite pour me laisser aller. J’embarque sur ce grand huit émotionnel qui me faisait tellement peur.
Je sens le vent sur mon visage et j’ai l’impression que mon épiderme a disparu, je suis un morceau de chair extrêmement hypersensible.
Les sensations s’excitent et je ressens la vie puissance mille…
Je prends de la vitesse et me mets à rider sur mes noeuds-ronnes

Sur les traces de Jules Verne je navigue en eaux profondes au fin fond d’un verre d’eau.
Je croise d’autres modes de vie, je discute avec mes fantômes et commence une partie de chifoumi avec un calamar géant.
Un enfant arrive, il me montre un chemin. Je crois que le Petit Prince de Saint-Exupéry a décidé de se joindre à moi.
Il me tend une rose, il me tend la main.
Nous partons visiter des planètes lointaines, des planètes imaginaires.
En route, je croise un homme, planqué derrière son costume bleu et sa cravate rouge, il me demande de laisser mes rêves derrières moi et me montre l’horloge de ma vie.
J’arrache les piles du Tic Tac et m’enfuie en trottinette. Il me court après…

Je tourne à gauche et frôle l’enlisement dans des idées placards. Elles sont remplies de cafards. Je regarde en arrière, l’homme se débat avec les insectes. Visiblement, eux non plus ne souhaitent pas voir mon monde disparaître.

Mon bolide continue d’accélérer, je croise une vieille dame qui me met en garde contre les ravins le bord de la route, elle me parle de mon manteau, elle me parle d’un autobus. Devant moi, un tunnel, je m’y engouffre.
A la sortie, un long couloir, tout est blanc…
Les murs sont remplis de portes numérotées et entre chacune, des phrases écrites au marqueur noir. J’en repère deux qui se répètent davantage que les autres :

« Une âme qui boite met plus de temps mais elle arrive à la paix »
« Prends garde, il y a un monstre sous ton lit »

J’arrive au bout, je transpire et j’ai du mal à respirer.
Devant moi, encore une porte, je dois l’ouvrir pour sortir.
Je cherche mes clefs, une poche, puis l’autre poche, mon sac, un sandwich, un carnet, des mouchoirs et enfin, mon laissé passé…
Encore trois étages, cinquante et une marches, la serrure, mon canapé, un verre de jus d’orange.
L’antre de mon monde irréel.

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Vidéo du haut: Dooz Kawa – Etoiles du Sol
Vidéo du bas: Babylon Circus – Pauvre Fou
TOUTES LES PHOTOGRAPHIES, IMAGES ET TEXTES SOUS LESQUELS S’AFFICHE CETTE PHRASE SONT CONSIDÉRÉS COMME DES ŒUVRES DE L’ESPRIT ET DANS CE SENS COMME PROPRIÉTÉS INTELLECTUELLES PROTÉGÉES PAR LE DROIT D’AUTEUR.