À propos de la grossière attaque de Donald Trump contre les médias et ce qu'elle révèle. Ce que dit Noam Chomsky de la propagande médiatique des States dans La Fabrication du consentement et avec quelle hideuse satisfaction la liquidation de L'Hebdo a été accueillie par d'aucuns en nos contrées...
La première question , et combien légitime, qu'on a pu se poser en assistant au tir de barrage hystérique voire délirant, du nouvel Ubu de La Maison-Blanche, contre les médias américains, visait la santé mentale de ce gesticulant fantoche à gestuelle de télévangéliste moralisant, dont l'effet de sidération à "fait le tour du monde", comme on dit.
Or ce monologue haineux, visant les prétendus mensonges des médias, a été salué publiquement comme une salubre manifestation de vérité vraie par un personnage peu connu du public européen mais archi-célèbre aux States, du nom de Rush Limbaugh, animateur vedette de radio et de télé qui fut le roquet “pensant" préféré de Ronald Reagan et figure la pointe la plus venimeuse de la "pensée " ultra-conservatrice du parti républicain.
Au premier regard, il pourrait sembler paradoxal que cet homme de médias richissime, idéologue d'extrême-droite au même titre que le médiacrate milliardaire Steve Bannon, salue le contempteur suprême des médias supposés aux ordres du grand capital contre le vrai peuple. Ce n'est plus l'hôpital qui se moque de la charité: c'est le marchand d'armes monté en chaire au nom du Seigneur des armées pour faire le procès de la guerre !
La question du mensonge des médias dépasse évidemment l'opposition binaire des contempteurs et des laudateurs de Trump, ancrée qu'elle est dans une guerre idéologique dont la propagande directe, emballée dans le chatoyant discours indirect de la publicité, est l'une des meilleures armes de ce qu'on appelle la persuasion clandestine.
Il n'est pas besoin de lire Machiavel pour se convaincre que le mensonge est constitutif de toute gouvernance, et l'on laissera donc la morale au vestiaire.
C'est ce que fait, sans cynisme aucun, un Noam Chomsky dans son essai consacré à La fabrication du consentement, où il pointe le mensonge des médias américains dominants, au XXe siècle et jusqu'à ce matin, dans leur effort de servir la propagande politique et économique des States déclarés maîtres du monde, et plus "légitimement " que jamais après l'effondrement du communisme, dépositaires de la seule vraie foi démocratique en face du nouveau Satan islamiste, etc.
Donald Trump dit tout haut ce que les Républicains pensent tout bas, avec la même hypocrisie moralisante qui fait la partie adverse fermer les yeux sur les mensonges des démocrates, les drones d'Obama et le chaos entretenu par la politique étrangère des States dans le monde entier et sous tous les Présidents alternés, du Vietnam à l’Irak et du Nicaragua à la Syrie.
Alors quoi, tous pourris et vive l'altermondialisme et la permaculture ? Si seulement! Enfin je pourrais retourner à mon jardin de Candide et cultiver mes simples, mais justement ce serait trop simple, donc j'essaie de rester à l'écoute et attentif à toutes les voix.
Le TOUT DIRE de la politique implique le mensonge, et l'une des fonction de l'écrivain, plus encore du poète, est de démêler le vrai du faux "en situation" comme s'y emploie un Shakespeare sans qu'on puisse dire jamais de quel clan politique ou religieux il est le propagandiste, tant il est vrai que son verbe n'est jamais asservi à aucun pouvoir humain ou divin de manière univoque.
Reste enfin que l'image du gueulard lustré de la Maison- Blanche est révélateur d'autre chose, que nous avons pu observer près de chez nous à l'annonce de la disparition de L'Hebdo, à savoir: la basse satisfaction de ceux que tout début de débat dérange et que la stupidité du milliardaire de la Maison-Blanche, somme toute, conforte en leur bunker sécurisé.
Noam Chomsky. La Fabrication du consentement. Agone.
Noam Chiomsky. De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis. Agone, 2017.
Jean Ziegler. Chemins d’espérance. Seuil, 2016.