Qui n’a jamais rêvé de tout plaquer dans sa vie pour partir connaître le grand frisson de l’aventure ? La route infinie qui se déroule sous vos pas. L’horizon sans limite. Les rencontres nouvelles qui vous changent à jamais. Certains d’entre vous le savent déjà, c’est ce que ma femme et moi avons fait. Ma vie était bien rangée et confortable. Confortable comme un bon lit dans lequel on s’endort et on peine à se tirer le matin, bien rangée comme une commode ikea dans laquelle toutes nos affaires entrent parfaitement, mais ne laissant aucune place pour de nouvelles choses. J’avais une place dans les différents studios d’animations de ma ville et une place de prof d’animation dans une école privée. Des revenus fixes et suffisants… Bref je pouvais me laisser bercer tranquillement pour les années à venir sans avoir à trop me poser de questions.
Sauf que comprend bien mon ami, que pour quelqu’un qui se définit comme un artiste, cette situation équivaut à la mort de l’art. Plus besoin de challenge, ni d’agitation, les choses viennent d’elles-mêmes sans qu’on se pose de questions. Résultat des courses pour moi : Déprime.
Pas tout à fait, ce qui m’a fait déprimer, c’est plutôt que je me suis demandé si ce que j’avais et ce que je faisais était vraiment ce que je voulais. Comme je l’ai mentionné dès le début de ce blog, c’est ma rencontre avec Zozo qui a changé la donne. On était mû de la même volonté de changement. On ressentait le même besoin criant d’élargir nos horizons, de tout plaquer et de partir. Comprenez bien que le propos n’était pas de partir quelque part, non ! La question était de partir vivre l’aventure. De vivre une révolution humaine et psychologique. De découvrir qui nous sommes réellement une fois dépouillés de tout ce qui fait notre quotidien. De partir faire le tour du monde.
Une fois que l’idée est lancée dans le cerveau – et qu’on est deux petits fous sur le sujet – impossible de faire machine arrière. D’une frêle jeune pousse, l’idée se transforme rapidement en forêt. On doit prendre une foule de décisions drastique et immédiate. La première est la question de l’itinéraire. Le monde est notre nouveau terrain de jeu, où est-ce qu’on va ? À cette étape, on avait fait les fous sur une grande carte Michelin avec des markers de couleurs et un bol de Dragibus. Comme des gosses on avait dessiné un parcours complètement mégalo sur tous les continents. On voulait passer de l’Australie à la Malaisie à bord d’un chalutier de pêche, on voulait traverser le désert sibérien et autres folies douces et amusantes. Comme le monde actuel est gouverné par l’administration et la paperasse, on a vite compris que certaines choses ne seraient pas possibles. La découverte de l’existence des agences spécialisées dans l’organisation de tour du monde a été un tournant dans notre préparation. Ils nous ont donné quelques règles à respecter pour l’élaboration d’un itinéraire qui permettrait de rendre faisables diverses de nos folies, tout en nous proposant un coût de voyage et une planification minimale très intéressante.
Nous nous retrouvions donc avec tous nos billets d’avion avec des points de destinations fixes, mais la possibilité de changer les dates à notre gré et le tout pour le coup d’un aller-retour pour l’Australie. Notre parcours était fait dans les grandes lignes. Aussi nous avons à ce moment pris la décision de ne rien planifier de plus sur cette question. Dans notre idée, partir à l’aventure ne voulait pas dire partir là où c’est dangereux, mais là où on connaît pas et que rien n’est prévu. Nous savions par exemple, que notre premier vol nous emmenait à New York fin septembre et que le vol suivant partait de Vancouver pour Sydney le 1er février. Ce que nous allions faire entre les deux serait du domaine de l’improvisation la plus totale.
Nous avons dû régler la question des visas pour certains pays avant de partir, pour d’autres – comme la Chine – nous devions attendre et nous en occuper pendant le voyage en lui-même. Nous nous sommes rendus dans un centre de vaccination international et de conseils aux voyageurs pour recevoir les vaccins nécessaires aux zones géographiques que nous allions visiter et autres recommandations médicales. Et là, pour le coup, c’est vraiment tout ce dont nous nous sommes occupés pour nous préparer.
Ben ouais, ça n’est pas loin d’être ça. De mon point de vue, ce n’est pas de l’inconscience ou quoique ce soit. Non, c’est une forme de réalisme optimiste. Certes j’avais déjà beaucoup voyagé dans ma vie et j’étais coutumier du fait de partir avec mon sac à dos sans rien prévoir à l’avance, mais toujours sur de courtes durées. Le maximum que j’avais fait, était un voyage de cinq semaines au cours duquel j’avais traversé les États-Unis de l’Ouest vers l’Est avec un ami. Mais c’était différent. Au bout de ce mois de voyage, j’avais toujours mes affaires, mon appartement et mon confort qui m’attendait. Pour la première fois de notre vie, toutes nos affaires étaient vendues ou dans des cartons dans une cave chez nos parents. Nous n’avions plus d’appartements, ni d’endroit spécifique où revenir. La seule chose que nous avions était nos sacs à dos. Nous n’avions plus de repères d’aucune sorte. Aussi comment imaginer prévoir ce que nous allions vivre au cours de l’année. La seule chose qui nous a semblé sensée à ce moment était de partir avec l’esprit le plus ouvert possible et de se tenir prêt pour saisir la moindre opportunité qui se présenterait à nous. Et puis soyons honnête deux minutes, si vous rêvez de plaquer votre quotidien trop balisé qui vous étouffe, ça serait idiot de complètement baliser et planifier votre fuite. Il faut simplement trouver le juste équilibre entre libertés et contraintes afin d’apprécier au mieux votre expérience et permettre un maximum de spontanéité.
Il n’y a pas une bonne manière de partir à l’aventure. Et par extension, il n’y en a pas de mauvaise. J’écris ces articles pour partager mon expérience avec vous. Je ne prétends pas pouvoir vous aider à planifier votre fuite. C’est quelque chose de profondément personnel. C’est un choix qui vous change à tout jamais vous et votre manière de voir le monde, car peu importe ce que vous aurez à vivre par la suite au cours de votre vie, à tout jamais vous serez quelqu’un qui a pris le risque de tout plaquer et de partir sans destination, ni but autre que celui de découvrir le monde et de se découvrir lui-même. Peu importe ce qui motive ce choix, si vous sentez au fond de vous que vous devez le faire : faites-le. Pendant notre voyage, nous avons rencontré beaucoup de gens qui avaient fait ce choix, tous différents, tous à des moments différents de leur vie. Que ce soit un couple d’enseignants en retraite, de jeunes parents, deux copines qui avaient fini leurs études, etc… Peu importe qui nous étions ou d’où nous venions, au moment de notre rencontre nous étions les mêmes voyageurs en quête de cette chose sensible et impalpable qui ne se révèle qu’à ceux qui la cherchent.
Si certains parmi vous ont des questions pratiques auxquelles ils voudraient des réponses, n’hésitez pas à me contacter sur la page du blog prévu à cet effet. Encore une fois, je ne peux que partager mon expérience personnel du sujet. Je tiens à remercier les lecteurs qui m’ont écrit pour mon précédent article. Ça me fait beaucoup de plaisir d’avoir des retours et des encouragements. J’ai été très occupé récemment, ce qui explique le rythme des articles, mais je vais essayer de sortir le prochain rapidement.