Huit numéros mensuels de Red Hood and the Outlaws depuis Rebirth et depuis ma reprise de la série malgré Scott Lobdell. Huit numéros et presque un an depuis mon dernier article pour laisser sortir mon ras-le-bol de Lobdell (qui faisait déjà suite à un autre article).
Ce numéro nous laisse notamment voir Artemis et Akila avec des attitudes et positions très ambiguës sur plusieurs pages. Selon mon interprétation, ce n’était même pas ambigu, mais ce n’était pas clairement défini. La relation qu’elles avaient me semblait être dessinée comme telle et les dialogues collaient aussi à ce schéma, donc elle avaient à mes yeux une relation amoureuse, malgré déjà une occurrence de Jason les appelant « meilleures amies » un peu plus tôt (je n’en tiens pas spécialement compte parce que ça aurait pu être pour montrer ensuite qu’il se plante, et il pouvait avoir raison à ce moment). Je craignais un petit peu le queerbaiting, mais je me disais qu’Artemis ayant vécu uniquement avec des femmes, même pour un mec comme Lobdell, c’est tout à fait envisageable qu’Artemis et Akila aient été ensemble dans le canon (c’est peut-être déjà le cas dans le passé, je ne connais pas l’historique d’Artemis). Puis vient cette case qui à mes yeux confirme quasiment l’interprétation que je venais de faire de leur relation.
Jusque là, ça va. Page suivante, retour sur le présent (Artemis racontait qui était Akila à Jason) :
ET IL EMBRAYE EN PARLANT DE SON AMI D’ENFANCE LA GARGOUILLE AVEC QUI IL NE POUVAIT PAS COMMUNIQUER
IL COMPARE UNE AMAZONE A UNE GARGOUILLE POUR PARLER DE LUI
Artemis a tout de même réagi à ça, mais je vous laisse admirer la suite de la scène qui mène à la suite du récit d’Artemis.
Je peine à formuler le niveau de ma blasitude devant ce Jason déjà bourré. Est-ce que c’est pour justifier le fait qu’il invite Artémis à reprendre son récit d’un simple geste, grand prince magnanime qu’il est ? Est-ce que c’est pour justifier l’interruption grossière qui suit immédiatement cette magnanimité ? Si c’est le cas, c’est OOC et tout simplement la pire excuse pour un manque de respect qu’il existe, qui plus est dans un récit.En fait Lobdell fait passer Jason pour un connard de base assez régulièrement dans RHATO, avant de se souvenir épisodiquement que ce n’est pas du tout le personnage, et de revenir au Jason emo, angsty et adepte du sarcasme qui plaisante pour cacher ses propres luttes intérieures et ses blessures. Je dois admettre qu’il y a du progrès au niveau de la caractérisation de Jason par rapport à ce que j’ai lu de RHATO avant Rebirth, mais il reste des moments que je ne comprends pas comme comportement de Jason. J’imagine donc que l’auteur s’exprime au travers du personnage, et c’est pas glorieux, mais au moins de cette façon c’est cohérent (cf. le harcèlement sexuel de Lobdell SUR SCENE pendant une convention en 2013, qui me pousse à me demander ce qu’il fait aux femmes quand il n’est pas sur scène). Le mec est un gros lourd, de toute évidence, mais il a transposé ça sur un personnage qui n’a pas à l’être. Jason n’était pas comme ça avant, et ce n’est certainement pas un trait qui enrichit le personnage. Même dans ce numéro il y a d’autres exemples, comme les passages où il tente vaguement de draguer Artemis. Car oui, maintenant qu’ils ont une relation cordiale, passons directement à l’interaction normale entre un homme et une femme, voyez-vous.
Pour ajouter à mon désespoir, Rocafort est de nouveau au dessin et ça me gave aussi. Je vais vous montrer pourquoi avec l’apparition de Wonder Woman.
Quel est le but de cette position impraticable ? Pourquoi est-elle sur la pointe des pieds avec le cul en arrière ?
J’ai envie de pleurer des larmes de sang.
Pourquoi tant de haine? Et pourquoi refiler ARTEMIS à un auteur à qui on a dû retirer Starfire parce que sa bouse était trop sexiste ????? (j’admets que ce lien entre le contenu de RHATO et le retrait de Starfire de l’équipe qu’ils formaient avec Arsenal pour avoir un titre solo n’a pas été confirmé à ma connaissance, mais la coïncidence est quand même très coïncidente).
Pourquoi ne peut-on pas avoir ces persos avec un·e auteur·e et une·e artiste de qualité ?
Le gars est pas mauvais à tous les points de vue en termes d’écriture, mais il existe suffisamment de bon·ne·s auteur·e·s qui ne sont pas des typiques « cis white male » relous pour éviter de continuer à laisser s’exprimer ce genre de connards avec un tel media. Jason Todd est un personnage très intéressant, la nouvelle équipe me semble également très intéressante, que ce soit Artemis ou Bizarro individuellement, ou les dynamiques possibles entre eux, mais LOBDELL NE MERITE PAS D’Y TOUCHER. Elisabeth Lévy se plaignait cette semaine du féminisme « punitif », et j’y repense car il semble effectivement punitif de vouloir entraver les opportunités d’un homme aussi sexiste que Lobdell. Okay, si les mecs comprenait leur merde sans qu’on les « punisse », ce serait cool, je suis d’accord. Mais c’est pas le cas pour beaucoup, et si on les laisse faire en nous contentant de dire « c’est mal », newsflash, ils en ont rien à foutre. DC peut faire tous les titres solos sur des persos féminins qu’ils veulent, si dans leur staff ils laissent agir ces mecs-là et en plus les récompensent en continuant à leur filer du taf régulièrement, le message reste négatif, et les lecteurs le prennent en compte aussi pour légitimer leurs propres réactions face aux femmes. Je rappelle aussi l’existence et la présence chez DC d’Eddie Berganza et vous renvoie vers cet article en français. Car oui, vous n’y pensiez peut-être plus si vous étiez au courant à l’époque mais ne lisez pas de comics régulièrement, moi j’y repense toutes les semaines en lisant son nom dans les crédits, certainement comme plein d’autres lectrices et toutes les personnes vivant mal cette quasi impunité.