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De l’art, qui nourrit mieux que du cochon

Publié le 25 juin 2008 par Dicidense

C’est parti d’un mot de Carlo : « personne ne songerait à ne pas payer son électricien ou son boulanger, mais un musicien, on se dit que ça doit être gratuit ». Sans doute parce que ce « personne » ne pense pas spontanément que l’art puisse être aussi vital que l’eau, l’air ou le pain.
A chacun sa définition de l’art. La mienne regroupe toutes les œuvres qui ne manquent à personne tant qu’elles n’existent pas ou tant qu’on ne les connaît pas, mais dont on ne peut plus se passer ensuite.
Car ses œuvres nous construisent, nous forgent, nous grandissent… elles s’infusent et nous insufflent tellement… du courage, de l’énergie, de l’inspiration, de l’admiration… Souvent elles finissent par nous coller à la peau, aussi intimement que ses pelures protègent l’oignon.
A chacun son Panthéon personnel, hébergé dans sa mémoire et son cœur. J’aime l’idée que certains le partagent, comme Annie François le fait pour son amour des livres dans Bouquiner.
Dans le mien, il y a les mots de Victor Hugo, et Le Mot, le ver de terre amoureux d’une étoile, chacun en a sa part et tous l’ont tout entier, il y a le nez de Cyrano et Roxane qui finit par ne plus le voir, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile, Bacall tombant amoureuse de Bogart sous nos yeux, à chaque vision du Port de l’angoisse, You know how to whistle ? You put your lips together and… blow, Rue Case-Nègres, mon premier film vu au cinéma, inoubliable, Brel chantant Voir un ami pleurer, ou suant d’amour son Ne me quitte pas, Aurélien qui met plus de 700 pages à ne pas trouver Bérénice, Dalva qui prend La Route du retour et me redonne le goût de vivre, Nous dormirons ensemble que j’ai chanté, auquel j’ai cru mais ce n’était pas le bon, et que je vis maintenant, el errante qui chante el mundo e mi ciudad, y mi familia la humanidad, l’humour de Maguy Marin déguisant ses danseurs en obèses, un autoportrait en eau-forte de Rembrandt avec les mille détails de son visage reproduit sur l’invitation A4 de l’exposition, en vrai grand comme un timbre-poste, mon éblouissement quand je le découvre, aimer que Les enfants s’ennuient le dimanche quand ça donne un bijou de film, Le Verrou auquel je rends toujours visite au Louvre pour essayer de deviner si c’est elle ou lui qui veut le fermer, la danse hilarante des Sauvages des Indes Galantes version William Christie, Cary Grant en femme d’officier à qui on dit Allez coucher ailleurs, Le Mot de Passe comme livre de chevet, l’enfilade des baisers à la fin de Cinéma Paradiso, les retrouvailles d’Elle et Lui qui me bouleversent à chaque fois, la voix d’Amy Winehouse et de Nina Simone, les ewe-phemisms de Bill Stockton, Venise par tous ses canaux, l’idéalisme et la droiture d’Howard Roark éclatant dans son plaidoyer final, Pietragalla dansant Don’t look back, La Flamme qui consume une femme et la pellicule du film court, Casablanca encore et toujours, dont je connais les répliques par cœur…
Et vous, y’a quoi dans votre Panthéon ? (Entr’)Ouvrez-en un peu les portes, ici ou ailleurs, et faites en profiter ceux que vous aimez, ou les autres aussi d’ailleurs, peut-être que ça les rendra meilleurs ! ;)


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