Les excédés veulent en finir avec l’humanitarisme des pharisiens. Les Révoltés reprochent aux Mirobolants d’avoir jeté l’opprobre sur leurs désirs d’enracinement ou de protection culturelle. Les faux gentils, monstres d’indifférence, auraient tout intérêt à se faire oublier. Mais la bêtise insiste toujours, avait prévenu Camus.
Un second tour Macron-Le Pen serait un défouloir pour ceux qui ne veulent plus de cette classe hors-sol, qui ne voit de danger que dans la fureur du tiers-ÉtatEn fait, rien n’est moins convaincant que la propagande qui présente Emmanuel Macron, produit gazeux de la bien-pensance progressiste, en rempart du FN. Le cliché annonce la tromperie renouvelée. Celui qui estime qu’«il n’y a pas de culture française» et qui louange la diversité identitaire devrait regarder l’enquête Ifop parue mardi (La Croix). L’étude fait ressortir le fort sentiment d’appartenance des sondés à la nation (86%). La gauche moderne et immigrationniste le rejoint car elle se retrouve dans sa vision d’une société multiculturelle, prête aux concessions avec l’islam. Là encore, Macron devrait lire Hamed Abdel-Samad (Figaro Magazine , 10 mars). L’auteur du Fascisme islamique (Grasset) constate, parlant des musulmans en Europe: «Beaucoup sont certes contre l’État islamique, cependant ils ne s’opposent ni à l’idée du califat ni à la charia en soi.» Un second tour Macron-Le Pen serait un défouloir pour ceux qui ne veulent plus de cette classe hors-sol, qui ne voit de danger que dans la fureur du tiers état.
L’approche économique de Marine Le Pen reste le dernier obstacle qui la sépare de beaucoup de ceux qui ne croient plus, contrairement à elle, en l’État stratège ni en la pérennité de l’État-providence. La perspective d’une sortie de l’euro et de l’Union européenne suscite de légitimes méfiances. Le programme libéral de François Fillon est plus en phase avec la réalité. Confrontés à l’impéritie de l’État, les gens ont souvent appris à se débrouiller sans lui. Si l’on veut bien admettre que le leader des Républicains propose un bon équilibre entre les questions identitaires et économiques, il reste encore loisible de prévoir sa victoire sur Macron au premier tour. Sa mise en examen, mardi, s’ajoute à une suite de suspicions qu’il endure avec un sang-froid qui finit par impressionner. En fait, seul Fillon reste capable de battre Le Pen, tous deux unis par une justice qui a sorti le gourdin. Pour les droites, cet acharnement devient sans doute un atout.
Insupportable humiliation
Recep Erdogan
Tout se met en place pour rejeter le vieux monde et son sectarisme. La gauche acculée confirme qu’elle ne reculera devant aucun procédé pour défendre sa peau. Un exemple: Macron n’a pas craint, lundi, de dénoncer une «imagerie antisémite» dans une mauvaise caricature venue des Républicains et représentant l’ancien banquier avec haut-de-forme, gros cigare et nez à la Cyrano. Les médias enrôlés derrière l’avatar du hollandisme ont immédiatement voulu voir un «nez crochu» et une apparence rappelant «les années les plus sombres». Or ce sont les mêmes indignés qui, devant l’authentique antisémitisme qui se répand dans les cités, se gardent le plus généralement d’élever la voix, sinon pour dénoncer la «stigmatisation» de populations victimes de la société. C’est à ces défenseurs du vivre-ensemble que la France doit sa politique irréfléchie sur l’ouverture de l’Europe à la Turquie. Voilà les donneurs de leçons invités à contempler ce qu’est un «islamiste modéré», avec les éructations du sultan Erdogan contre l’Occident.
Il faut s’arrêter un instant sur la violence des propos du Turc contre l’Allemagne et les Pays-Bas. Ils sont accusés de nazisme et de fascisme pour avoir refusé ces jours-ci que l’autocrate mène campagne auprès de ses compatriotes immigrés. Cette haine illustre le choc de civilisations que les béats s’obstinent à nier. À l’adresse d’Angela Merkel, qui en octobre 2015 s’était dite prête à appuyer l’entrée de la Turquie en échange de son aide pour maîtriser les flux moyen-orientaux qu’elle venait d’accepter, le dirigeant islamiste a déclaré: «Si je veux venir en Allemagne je le ferai et si vous ne me laissez pas passer par vos portes (…) je ferai se dresser le monde.» L’Union européenne n’a pas cru devoir relever la déclaration de guerre. Quant au gouvernement français, il a une nouvelle fois montré sa nolonté (un mot de Mirabeau), en autorisant le ministre turc des affaires étrangères à tenirun meeting, dimanche à Metz. Ces humiliations sont insupportables.
L’échec relatif de Geert Wilders
L’arrivée en tête, jeudi au Pays-Bas, du libéral Mark Rutte contre le populiste Geert Wilders à l’issue des législatives, a été saluée par Fillon comme «la victoire de la droite et du centre». Néanmoins, l’erreur serait de crier victoire trop vite: le candidat anti-islam ne cesse de progresser tandis que le parti majoritaire continue de perdre des voix. Le politiquement correct est partout remis en cause.
Aux Français de reprendre le flambeau.