Nous étions demeurés dans la deuxième semaine de Carême...votre rédactrice passait la troisième à l'hôpital... Tout une plongée dans les blouses blanches, loin de tout signe religieux. Mon "appartenance" en revanche n'a pas été cachée, le livre de prière ou le chapelet encore sur le lit, lors des irruptions - et quelques jours plus tard le magazine "Famille chrétienne" ou le journal " la Croix " apportés par des amis.
Sur le mur, seule une vieille gravure jaunie, représentait le port d'Honfleur et sa lieutenance, et face à mon lit un tableau d'affichage rendu vierge par l'informatisation du service (j'ai pu par la suite apercevoir que les autres chambres avaient conservé également le leur). Et pour une personne ayant eu un petit goût pour les couleurs, ce vide inexpressif devenait une obsession. "Auriez-vous des feutres à me prêter ?" demandai-je un beau matin à l'employée de service. Gentillesse et promptitude répondaient à ma demande, mais seuls deux feutres, bleu et noir étaient mis à ma disposition. L'idée du bouquet tombait d'elle même, et c'est alors que germa celle de représenter un signe religieux (l'Esprit Saint ne devait pas y être étranger). Une petite chapelle, sur une haute falaise dont les vagues lèchent les pieds, de ce pays de Caux tant aimé - des galets comme il se doit, une grotte aussi, et un ramasseur de galets. De sternes venant nourrir leur couvée dans la paroi de la falaise, et au loin sur la mer, un de ces nombreux navires qui sillonnent la Manche. Pas une oeuvre d'art, Non ! surtout avec des feutres glissants...mais une gravure évocatrice, symbolique, et qui a plu au delà de mes espérances, au point qu'il me soit demandé à mon départ: vous allez l'effacez ? Non ! Alors nous le garderons si le prochain malade ne demande pas de l'effacer.
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