Magazine Journal intime

La Mal Coiffée, Laurent Cavalié, Lo Bramas E Potons A Totis!

Publié le 25 juin 2008 par Mélina Loupia
"C'est quoi ce qui chante dans ton ordinateur maman? -C'est La Mal Coiffée. -C'est ça que t'es allée voir hier soir? -Oui, voilà, et que si j'avais su, j'aurais insisté plus pour que vous veniez avec moi, c'était que en occitan, et comme tes frères et toi vous l'avez appris, vous vous seriez régalés. -J'ai voulu rester avec papa, mais dis? -Quoi? -C'est le filles qui sont sur le cd? -Oui. -Bé elles sont pas mal coiffées. -Si tu avais vu hier, avec tout ce vent, tu aurais compris." Hier. Entre deux eaux, après une veillée un peu agitée à boire des litres de tisane au tannin et de parler de nos gamins, je m'étais pas vraiment réveillée en ayant hâte que la journée tire à sa fin pour aller sauter le feu de la Saint-Jean , Baptiste n'ayant pas pu être présent pour des raisons de santé précaire. En effet, le marin avait collé mes pieds au sol dès la matinée et ne m'avait lâchée la grappe que vers dix-huit heures. "Bon alors tu viens avec nous ou quoi? -Je crois que je vais venir, mais Copilote et les enfants sont pas chauds. -On part vers sept heures et quart, on mangera là-bas. -Ok, je m'épile et j'arrive." Je mixe en vitesse du riz, du sel, du poivre et de la saucisse et je laisse l'affaire se régler dans le wok, à couvert, pendant que je note sur une enveloppe les dernières recommandations, étant donné que j'ai mes petites manies. "Vous avez le pain dans le four, le dîner dans le wok, l'eau et la salade au frais. Jéjé n'a plus le droit de réviser à partir de ce soir, Nicolas de sortir après dix heures et Arnaud jusqu'à Noël blanc. Des bisous, Maman." En descendant, je vérifie que j'ai tout le matériel de scène dans le sac, téléphone et appareil photo chargés, une petite partie de mon salaire pliée en quatre dans le porte-menue-monnaie pour le breuvage et la pitance et en avant pour me faire charger en covoiturage, c'est que nous autres, nous sommes à fond dans l'écologie et l'économie. C'est en arrivant sur place que nous nous sommes vite aperçus que nous étions la majorité plus une du Conseil Municipal. Alors m'est venue une idée en plus de celle qui avait tout de même germé en début d'après-midi. Mais pour l'heure, je les laissais prendre les derniers rayons de soleil dans mon cou et m'occupais plutôt de ce que nous pouvions étancher et repaître. C'est là que j'en ai vue une. Puis deux, puis quatre et les six. Avec leurs robes, leurs poussettes et leurs sourires. Je les ai toutes reconnues, certes moins apprêtées que la dernière fois , mais finalement, je les ai tout de suite préférées cheveux au vent et naturel galopant. Et les gens qui parlaient. Et les enfants qui riaient. Et la grillade qui commençait. Et les tables qui bougeaient. Et les gobelets qui se remplissaient. Et Taurize qui abritait ce bonheur à l'air libre. Et Laurent Cavalié qui a poussé un peu Lo Bramas Et puis le vent les a amenées sur la scène, contre les pierres sèches de l'église encore chaudes du soleil de la journée. Laa Mal Coiffée & Lo Bramas, Taurize 24 juin 2008 envoyé par Zorkette Elles nous ont chanté des chansons languedociennes des vignes et des bistrots, comme elles nous l'ont bien fait rire. Et leurs polyphonies qui nous ont pris les tripes. Et leurs sourires qui nous ont appris combien des fois, pas beaucoup, ça suffit amplement. Et leurs souffles à l'unisson qui redonnent au coeur l'envie de battre plus fort que d'habitude, juste pour l'émotion non retenue. Alors, et avant que le feu ne soit suffisamment fatigué pour se faire sauter par les plus courageux ou fiers de perpétuer ce qui aurait tendance à se perdre malgré nous et nos volontés de coeur, j'ai atrappé Laurent derrière la sono, l'ai embrassé et l'ai prié de bien vouloir m'accompagner voir si les filles me feraient pas elles aussi un poton. J'ai alors rencontré les mêmes, mais alors exactement les mêmes derrière que devant la scène. Juste des filles, des mères, fatiguées comme après un concert, mais heureuses comme avant d'aller coucher les bébés, pendant le câlin avant la petite histoire. Je leur ai dit tout doucement qui j'étais en dehors du reste, Laurent m'a raconté une petite anecdote qui m'a fait regretter d'avoir passé mon jeudi dernier à me cramer les épaules à définir l'emplacement du futur arrêt de bus alors qu'il était chez la voisine en train de collecter des chants occitans, et j'ai formulé le souhait d'avoir la chance et le pouvoir de recevoir tout ce petit monde l'an prochain peut-être contre le mur de l'église, ou sur le pont romain. Ce jour-là, je serai ravie d'être leur hôtesse. Ce jour-là, je pousserai - tu parles!- un bramas à Dalete, celle des six qui n'a pas grabouillé mon cd. Mais ce jour-là, je sais aussi qu'à nouveau, je ressentirai la même émotion, celle qui me serre la gorge et le ventre depuis que j'apprends chaque chanson par coeur. "Je fais comme si j'avais le brevet des collèges à passer demain, MOI AUSSI mon chéri, alors je révise mon occitan. -Mais maman, quand j'aime un truc, j'ai pas besoin de l'apprendre par coeur, j'aime et ça suffit. -Donc, si j'ai bien tout suivi, tu aimes les maths, l'histoire, la géo et le français à la folie, puisque, corrige-moi si je me trompe, je ne t'ai pas vu ouvrir un livre ou un cahier, pas même une anale depuis que tu vas plus au collège. -Non, je parlais de La mal coiffée maman." Pourquoi il a toujours raison ce grand ptit con?

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mélina Loupia 93 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Ses derniers articles