Mary-Laure Zoss | [butés à l’arrière]

Publié le 03 avril 2017 par Angèle Paoli

[BUTÉS À L'ARRIÈRE]d' où on part, rasant les murs au fond de soi ; d'un parquet, d'une pingre lumière par doigts d'enfants creusée, fourgonnée ; aucun feu derrière ; du vide et on y va ; plusieurs, le sommes-nous ? à passer - ça aiderait - du plus loin qu'on peut de son nom ; dès que dehors, sur les pavés de la cour et aux genoux froides meurtrissures, nous oblige à pencher, le ciel, à songer sourd, étouffe cru par le haut des arbres ; d'une fenêtre l'infirme, au troisième elle fait signe, nous pareil ; mais les murs donnent rien ici, on grandit pas ; des frères, ils sont, leur parler où, chacun dans son angle ? là-bas, quand on y retourne, on se bande les yeux pour mieux voir ; par où entrer, pour l'heure on n'en sait rien, fichtre rien Mary-Laure Zoss, " [butés à l'arrière] ", in
(extrait)

" Les simples n'ont ni femme ni enfant. Ils puisent et donnent ailleurs. Ce qui les nourrit, personne ne le voit. "
Jeanne Benameur, Reliques, p. 77.


maintenant par-dessus le ravin se lèvent des hordes hivernales, brouillard épanché, repu de l'arrière des cabanes - regardez, une s'éclaire dedans ; du chantier ferment tantôt les grilles, des ombres les tirent, casquées de jaune à la tombée ; confins ramenés près, si près, quand s'éteint l'ampoule intermittente de la pelleteuse ; à quelques mètres, d'autres battent la semelle sur le goudron ; s'envoient des châtaignes, une patate brûlante, nous on y va pas, on reste autour, ou on recule vers les containers ; ça évite, voyez-vous, de faire mauvais figure quand on s'amène la trouille au ventre
La Traverse du Tigre (hors-série des Carnets d'Eucharis), " Poésie suisse romande " (anthologie), février 2017, pp. 94-95.