Revue de presse BD (231)

Centaure jouant avec des polichinelles, par Tiepolo - dessin cédé par le collectionneur J. Horvitz, afin de se concentrer sur sa collection de dessins français.

+ Le Petit Palais expose jusqu'au 9 juillet une partie de la collection de dessins français de l'Américain Jeffrey Horvitz, qui compte plus de mille pièces, principalement du XVIIIe siècle. Après avoir été marchand d'art contemporain à Los Angeles, J. Horvitz entama une collection de dessins anciens italiens et français dans les années 80. Il a revendu ses dessins italiens il y a une dizaine d'années pour se concentrer sur sa collection française, qui compte notamment des dessins de Watteau, Boucher, Fragonard et David.

+ Sous le titre : "Le canard qui a coupé les ailes de Fillon", l'hebdomadaire "Bloomberg Businessweek" (10-23 avril) décrit "Le Canard enchaîné" ["The Chained Duck"] à ses lecteurs américains comme tranchant avec l'austérité des titres dédiés dans d'autres pays à l'actualité politique comme le "Washington Post", le "Times of London" ou le "Frankfurter Allgemeine Zeitung". "Bloomberg" décrit comment le "Canard" a torpillé la candidature du candidat conservateur (sic) François Fillon, menaçant aussi E. Macron et M. Le Pen par ses révélations. Il cite parmi les affaires les plus retentissantes, les bijoux offerts par Bokassa à Giscard-d'Estaing ou la révélation du prêt sans intérêt consenti à P. Bérégovoy par un proche de F. Mitterrand.

Pour dire à quel point les élites politiques françaises scrutent le "Canard" et redoutent ses "scoops", "Bloomberg" cite le président F. Hollande lors d'un récent conseil des ministres : - Heureusement que le "Canard" ne paraît que toutes les semaines !

L'hebdomadaire économique s'étonne du pouvoir persistant du "Canard enchaîné", à l'heure de la presse d'actualité politique en ligne ("Huffington Post", "BuzzFeed"). "Avec un tirage hebdomadaire de 400.000 ex. vendus à 1, 20 euros chacun, "Le Canard" a engrangé 25 millions d'euros en 2015 et fait 2 millions d'euros de profit.", précise cet hebdo.

En revanche "Bloomberg" ne mentionne pas la subvention publique (indirecte) du "Canard" à hauteur de 500.000 euros environ par an. Invoquée par le parti de F. Fillon pour sa défense, cette information est pourtant révélatrice du fonctionnement de la presse française, autant que le scoop du "Canard" était révélateur du fonctionnement de l'institution parlementaire.

+ "Arte" diffuse un long documentaire sur le courant de pensée/et ou révolutionnaire anarchiste, dont l'ouvrier-typographe Proudhon rédigea le premier manifeste, en

écrivant que "La propriété, c'est le vol." Bizarrement, la chaîne de télévision officielle de l'Assemblée nationale "LCP" (dirigée par Marie-Eve Malouine) est coproductrice de ce documentaire plutôt élogieux à l'égard d'une cause, la moins laïque et républicaine possible, qui plus est en période de campagne électorale, processus dont les anarchistes considèrent qu'il n'est qu'un simulacre démocratique.

L'anarchie a souvent croisé le chemin de l'art moderne, dans la mesure où celui-ci accuse la bourgeoisie industrielle d'être ennemie de l'art et de travailler à sa destruction. La première partie du documentaire s'attache à décrire le courant anarchiste comme un courant d'émancipation du prolétariat opprimé par la bourgeoisie industrielle, prônant tantôt l'émancipation par la science, tantôt en désespoir de cause par la révolte ; réprimées par les forces de l'ordre républicaines, les tentatives de révolte anarchistes s'achèvent dans des bains de sang à faire pâlir de jalousie les dictateurs arabes en place actuellement.

Ce documentaire incite à se poser la question suivante : - en dépit du déséquilibre criant des forces en faveur de l'ordre public républicain, qu'est-ce qui peut faire que l'anarchisme demeure d'actualité, si ce n'est en Occident, désormais verrouillé par l'argent, du moins dans les régions du monde où son avenir se joue ? La réponse à cette question est assez simple : la persistance de l'iniquité, telle que la propriété ou l'Etat la consacrent, continue de susciter l'anarchisme comme une réponse ou une tentative de réponse à cette question à laquelle la politique ne fournit pas de réponse.

Les solutions politiques d'inspiration marxiste, mises en oeuvre par des régimes populistes, ont échoué à triompher de l'iniquité ; néanmoins la démonstration par Marx de l'iniquité des régimes bourgeois républicains, renouvelée voire accrue à travers le capitalisme, continue d'être corroborée par des faits que la presse bourgeoise a bien du mal à dissimuler, malgré sa vocation à noyer le poisson sous un déluge d'informations le plus souvent anecdotiques. Par conséquent, si l'anarchisme peut paraître un courant de pensée utopique, tout autant le paraît l'effort pour faire taire définitivement l'anarchisme.

(Docu. en deux volets par Tancrède Ramonet diffusé encore quelques jours) (Caricature ci-dessus de Proudhon doté d'une auréole, par Daumier, parue dans "Le Charivari" en 1849.)

+ La marque de crayons Faber-Castell organise un concours de dessin entre étudiants en écoles d'art, qui peuvent "poster" leurs dessins sur Instagram, en ajoutant le "hashtag" #ASW17ByFaberCastell et concourir ainsi jusqu'au 16 avril.

Puisque le thème de ce concours est le "dessin", on note que ce mot ne veut plus dire grand-chose aujourd'hui ; le dessin a perdu son caractère de "leçon de physique", qui en faisait presque un langage scientifique ; son apprentissage permettait aux artistes, en apprenant l'anatomie de façon plus ou moins empirique, d'insuffler la vie à leurs oeuvres. Le registre de l'artiste danois Huskmitnavn est très différent, puisqu'il se sert du crayon et du papier pour créer une illusion d'optique amusante.

+ Auteur de BD et illustrateur, Philgreff tient un blog-bd, quotidiennement mis à jour, où différentes rubriques

se succèdent (strips, croquis, planches de BD) ; depuis quelques semaines, Philgreff publie "Coquillards", un feuilleton-BD racontant son pèlerinage à St-Jacques-de-Compostelle avec un copain (en partant de Vendée, en 2000). Comme Philgreff et son pote ne sont pas très catholiques, mais surtout désireux de rompre avec leur train-train quotidien, ils reprennent à leur compte le sobriquet de "coquillards", dont un curé rencontré en chemin les affuble; on nommait "coquillards" autrefois les brigands qui détroussaient les pèlerins de passage. Première page ici.

+ Notre collaborateur LB, également pigiste à "Siné-Mensuel" depuis quelques mois, expose ses dessins à Lyon pendant une semaine ses dessins en compagnie de confrères caricaturistes.