Assise sur le canapé de la maison de mes parents, je repense…
Ce matin, je me suis baladée, marcher jusqu’au centre ville, tourner à droite puis continuer tout droit…
Je suis arrivée au cimetière, la porte entrouverte, le ciel gris, un peu de vent. Une atmosphère mystique semblait accompagner mes pas.
J’ai marché entre les fleurs, j’ai marché entre les tombes, jusqu’au petit jardin des souvenirs. Chercher un coin à l’abri du vent, y déposer une bougie puis l’allumer. La voir s’éteindre, la changer de place, la rallumer, pousser les feuilles mortes trop proche….
J’ai regardé la flamme danser en pensant à toi, puis j’ai rebroussé chemin.
De retour chez mes parents, j’ai plongé dans tes souvenirs, sans en comprendre la moitié.
Des photos en couleurs, des photos en noir et blanc, des photos de l’Algérie, du chien, de toi, de papy, de nous petit, de nous plus vieux. Des photos de voyages et finalement des photos mal cadrées, des photos déchirées, des morceaux de ta mémoire.
Sans aucun lien, j’ai plongé dans le film l’exorcisme. Une mélodie gênante et une mélodie angoissante.
J’ai décroché mon téléphone en me disant que je devrait changer cette sonnerie.
Mon père, le gaz… Je parle au premier en jouant avec le second. Trente minutes plus tard, le fil invisible qui nous relie se coupe. Tout refonctionne correctement, je vais pouvoir prendre une douche chaude.
La maison craque, elle me rappelle des souvenirs. Déjà trois ans que je suis partie, dans la rue, les gens ne m’ont pas reconnu. Dans ma tête, encore, cette éternelle question, savoir si j’ai fait le bon choix. J’ai plusieurs fois hésité à revenir, après une rupture, après un deuil, après un moment de solitude.
Ici, mes ami.e.s ont leur rythme, certains vont partir, loin, d’autres vont rester. Moi, je suis partie et quand j’y repense maintenant ma vie n’est plus là.
Je ne sais pas pour combien de temps, mais même sans aimer réellement le beurre salé au petit déjeuner, je m’installe chaque jour un peu plus là bas.
Les envies de départs, les envies de voyages qui ont suivi ton départ. C’était il y a presque 360 jours. J’ai avancé sans m’arrêter. D’abord le ventre cloué au sol puis mes jambes ont pris la relève. Finalement à suivre les battements de mon cœur, j’ai regardé les secondes s’égrainer. En ayant l’impression de stagner comme jamais, je ne me suis pas rendue compte que j’avais avancé.
J’ai appris à prendre soin de mon cœur, j’ai appris à écouter mon corps. Et même si elle gronde toujours un peu au fond, ma colère s’est apaisée. Je fais mes choix, je m’écoute et j’arrête de me renier.
Et toujours là, sur ce canapé, je me demande quelle fin donner à ce texte. Je trouve qu’il a encore un goût de bilan foiré. A l’intérieur de moi des frissons, autours, des bruits, le vent qui s’engouffre dans le conduit de cheminée, le bois qui craque, le chat qui ronronne à mes pieds.
Demain, je reprendrais le train.
Mais parfois, demain ça semble tellement loin.
Alors, peut être qu’un jour, je reprendrais ce texte sans fin.
Je vous livre donc avec un peu d’appréhension.
Ces quelques impressions
Ces quelques sensations
Ces quelques émotions
En espérant avoir raison de les laisser entre vos mains.