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Macron, l’enfant gâté d’une France malade

Publié le 04 mai 2017 par Observatoiredumensonge

Macron: ses bonnes fées sentent la naphtaline.


Macron, l’enfant gâté d’une France malade
Macron, l’enfant gâté d’une France malade

Par Ivan Rioufol

Ses bonnes fées sentent la naphtaline. À son tour, François Hollande a appelé, lundi, à voter pour Emmanuel Macron, vainqueur du premier tour de la présidentielle (24,01 % des voix). François Fillon, arrivé troisième (20,01%), l'avait précédé dans ce ralliement. L'homme neuf n'est déjà plus que le candidat banal des caciques désavoués : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Manuel Valls, Benoît Hamon, etc. Macron est également soutenu par le monde médiatique, le Medef et une palanquée de " résistants " à Marine Le Pen, arrivée deuxième (21,30 %). La percée du leader d'En marche ! lui assure, normalement, son élection le 7 mai. L'intéressé a d'ailleurs déjà fêté sa victoire, dimanche soir à la Rotonde, restaurant cossu du quartier Montparnasse. Sarkozy l'avait fait en 2007 au Fouquet's... mais à l'issue du second tour. L'UMPS, que moquait le FN, s'est reconstituée avec les socialistes et les Républicains. Mais où est la rupture annoncée ?
La France en colère ne ressemble pas à ce bon élève verbeux. Ceux des villes ont adopté l'enfant gâté au regard envoûteur : Paris a voté à 34,8 % pour Macron, contre 4,99 % pour Le Pen. Le phénomène se retrouve dans toutes les grandes cités. Cependant, la France rurale a enraciné son vote FN, qui a gagné 1,2 million de voix. La progression de Mélenchon (19,58 %) dans les banlieues est plus spectaculaire encore ; il a gagné 3 millions de voix. Cette dynamique populiste, à laquelle s'ajoutent les 4,70 % de Nicolas Dupont-Aignan, est celle des Oubliés. Ils sont à mille lieues du projet européiste et mondialiste de Macron. S'il peut bénéficier du coup de fouet de sa prouesse, son socle est fragile : 18,9 % des inscrits. Les sondages lui promettent une victoire écrasante. Est-ce si sûr ?
Macron est le représentant des " inclus ", bourgeois urbains à l'aise dans l'univers plat de la mondialisation et de son commerce créatif. Le paradoxe est d'observer la gauche, rebaptisée " progressisme ", se reconnaître dans ce personnage éloigné du peuple et de ses misères.
Lors de la campagne américaine, en 2016, la superfavorite Hillary Clinton avait insulté les partisans de Donald Trump : elle voulait les mettre " dans le panier des pitoyables : les racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes ". Ce mépris de classe s'observe en France, lorsque les opposants au FN disent vouloir " faire barrage " à ces mêmes ploucs, fascistes au surplus. Ces injures permettent d'ignorer les causes de la montée constante du populisme. Macron, sifflé mercredi par les ouvriers de Whirlpool (Amiens) qui venaient d'acclamer Le Pen, devrait se souvenir du sort réservé à Clinton.
L'Eliacin est capable d'hypnotiser la droite étourdie. Après avoir salué Jeanne d'Arc puis visité le Puy du Fou (Vendée) en compagnie de Philippe de Villiers, voilà Macron qui se dit patriote, mais aussi populiste. Il parlera aussi de la France périphérique, des exclus, des invisibles, cochant les bons mots du marketing. Demeure toutefois l'idéologue de la société ouverte, de l'immigration, du multiculturalisme, des bienveillances accordées aux minorités. Mardi, Macron a reçu l'appui de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, dont l'objectif est de défendre la charia. Cette organisation islamiste appelle " à aller voter massivement pour faire barrage aux idées de xénophobie et de haine et donner (à Macron) le score le plus large ". Macron à l'Élysée, c'est la France mise à l'encan.

Une révolution est lancée

Le ralliement des barons Républicains à l'ambitieux jeune homme, dans lequel Hollande voit sa filiation, est un abandon supplémentaire pour ceux qui se désespèrent de cette droite sans orgueil ni conviction. Avoir vu Fillon, le soir de sa défaite, oublier ses combats pour la nation assimilatrice et contre le totalitarisme islamique au profit de ce " front républicain ", reconstitué pour sauver la gauche qui l'a torpillé, n'a pas été la moindre des déceptions. Tous ces professionnels de la politique ne semblent pas comprendre le message des électeurs : ils ne veulent plus de ces pratiques insincères, de ces arrangements d'appareils, de ces reniements opportuns. C'est une révolution que les Français ont lancée, en éliminant les deux principales formations (PS et LR). Elle force le monde politique à redescendre sur terre et à revoir son rôle, au vu des nouvelles exigences démocratiques. Plutôt que de mimer les oukases de la gauche moralisatrice, qui a lâché les chiens contre le FN, la droite devrait suivre Hannah Arendt, quand elle pestait contre " la dégradante obligation d'être de son temps ".
Le grand débat de mercredi s'annonce déterminant. Ce sera l'occasion de mesurer la totale opposition entre les deux projets concernant, notamment, la conception de la nation, de la famille et de la civilisation occidentale. La vision que porte Le Pen n'est guère éloignée de celle de la droite de gouvernement, sensible à la question identitaire et à la préservation de l'unité de la nation : des sujets que Macron répugne à aborder, leur préférant la politique de l'apaisement, cette lâcheté maquillée en vertu. En réalité, le FN a déjà gagné la bataille des idées, en ayant replacé la patrie, la nation, le drapeau au centre des discours. L'idéologie postnationale, que défend Macron quand il dit qu'il n'y a plus de culture française, est une vision combattue par le populisme, éclaté en courants contraires. Une élection de Macron par défaut, loin de tranquilliser la France excédée, la rendra plus éruptive. C'est cette issue qui se profile. À moins que Le Pen comprenne enfin que le sort du pays est plus important que la sortie de l'euro et ses archaïques saillies antilibérales.

Union des droites

Dans l'ultime étape, Le Pen a l'opportunité d'attirer une partie de ceux qui rejettent le projet macronien. Un tiers des fillonistes, moins d'un quart des mélenchoniens pourraient déjà la rejoindre. Dupont-Aignan partage aussi des cousinages. L'union des droites, que les états- majors refusent en ne sachant plus trop pourquoi, est en marche. Ce sont les citoyens qui écrivent l'histoire dans le dos de leurs représentants.

La Ve République en question

Que le gagnant soit Macron ou Le Pen, la frustration sera la même, d'un côté ou de l'autre de la France fracturée. En fait, le système présidentiel étouffe l'intelligence collective. Sortir de la Ve République ?

Macron, l’enfant gâté d’une France malade
IVAN RIOUFOL

Du même auteur:
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