Dans Une journée d'Andrei Arsenevitch, de Chris Marker, j'extrais ce passage sur le miroir dans l’œuvre de Tarkovski :
Ce film fait partie des bonus du DVD du film Le Sacrifice que j'ai emprunté à la médiathèque. On y trouve aussi un livret de textes et documents réunis par Bernard Eisenschitz, et parmi ceux-ci un texte de Pierre Legendre, Le sacrifié du Sacrifice, qui nous enjoint de ne pas regarder ce film "en observateurs occidentaux, en ethnographes de la chose russe." Il poursuit en affirmant qu'il appartient à la littérature mondiale : "Les noms vénérés sont là : Shakespeare, Dostoïevski ; mais n'omettons pas la veine de Poe, ce côté Histoires extraordinaires que trahit l'anecdote de la photo d'une mère où réapparaît le fils mort."
Il me plaît bien de renouer ici avec Edgar Poe, qui nous a accompagnés longtemps depuis janvier. Il se trouve que cette histoire poesque est précisément racontée par Otto le facteur. En 1995, la première fois que j'ai vu le film, j'avais noté dans le cahier Clairefontaine bleu 200 pages petits carreaux, où je consignais alors ce que j'appelais depuis 1991 les traces de l'Archéo-réseau : "1960 apparaît dans le film avec l'histoire racontée par Otto le facteur, le collectionneur d'événements inexplicables." C'était bien la même histoire, 1960 était mon année de naissance, année importante aussi pour Tarkovski car c'est celle de son film de diplôme, Le rouleau compresseur et le violon, un moyen métrage de 55 minutes. Une œuvre mineure pour certains, mais déjà un chef d’œuvre pour d'autres, en tout cas, un film "qui place, écrit François Ramasse, en l'inaugurant proprement, son œuvre cinématographique sous un signe qu'on a trop tendance à oublier, celui de l'humour."
Pour la scène en question , commencer à 38 :00 (sous-titres en anglais)
Je montrerai bientôt, avec Otto encore, que l'humour est bien présent chez Tarkovski, non seulement dans son film inaugural mais aussi dans ce film terminal, en apparence si grave et si austère, qu'est Le Sacrifice.