Je ferais mieux de la fermer,mais les mots sont plus forts,et sous le ciel des mortsje me tais à vous écouterme dire ce que là-basil se dit qu'on ignore.Tu ne pourras nous échapper ,me murmurez-vous dans le noir,et déjà je sens qu'il reflue -mon sang lentement au regardde la nuit s'atténueen mes mains dévouées à l'artde ne rien dire qu'en silence;mon corps se retientde ne plus rien sentir:seul intérieur l'élan s'élance.L'odeur tiède ce soirdes blés à peine moissonnés.me délivre de tout remords.Pas un instant je n'éprouvaien cette nuit américaineoù vous m'aurez tiré dehors,que vous me fassiez tortde m'arracher à ce qu'on aime.Les soleils noirs comme des corbeauxtourbillonnent dans l'indigod'un ciel ivre au-dessus des blés.Notre chair se défaitde notre corps écartelé,les mots se font plus lents.Comme un serpent m'enlace.Montent là-bas les brouillardsau dévers de la glace.Nous nous sentons perdus.On nous oublie de plus en plus.Mais une fois encore: dansons...Jamais notre rébellionne se fera plus doucequ'en serrant au plus prèsce corps doucement absentédans le temps accordéoù les yeux fermés nous dansons...(À La Désirade, ce dimanche 21 mai 2017.)