Lors de mon challenge AZ en 2013, je racontais mes premières découvertes dans une petite salle de la mairie de Saint-Bonnet-de-Montauroux en Lozère. Mairie ouverte une demie-journée par semaine, j’y ai pu consulter toutes les archives de la commune depuis la révolution et suivre une partie de l’histoire de la famille Bonnefille.
Je consulte le registre de l’année 1846 et me retrouve devant la mairie en ce 17 juin 1846, il fait chaud, très chaud pour ce mois de juin, il fait sec (c’est l’un des douze étés parmi les plus chauds des 500 dernières années) et cela ne promet rien de bon pour les récoltes mais Jacques Bonnefille jeune maçon de 22 ans ne pense pas à cela. Il est habillé de son costume du dimanche et pourtant nous sommes mercredi, il est un peu raide devant la porte de la mairie de Saint-Bonnet de Montauroux village de sa promise, son père, maçon également et qui lui a appris le métier, est à coté de lui accompagné de sa seconde épouse. La mère de Jacques Marie Bernard étant décédée en octobre 1841. Voilà Claudine, elle approche vêtue de sa robe faite pour l’occasion par sa mère Elisabeth Mercier qui l’accompagne. Cette dernière, habillée de noir car elle est veuve, est un peu émue de marier sa fille ainée. Claudine l’aidait bien à la maison pour s’occuper des 6 autres enfants âgés de 20 ans, 18 ans, 17 ans, 14 ans, 9 ans et 4 ans.
Il est 4h de l’après-midi, le maire de Saint-Bonnet de Montauroux, Jean-Baptiste Comte est sur le pas de la porte et invite les deux fiancés à entrer avec leurs témoins dans la salle communale. Les bans ont été publiés les sept et quatorze juin dans cette commune et dans celle de Grandrieu ou vit la famille Bonnefille. La cérémonie n’est pas très longue, elle a lieu après la journée de travail. J’attends dehors, je n’ose entrer. Mais déjà, j’entends de l’agitation, ils ressortent de la mairie, les jeunes mariés sourient et se regardent amoureusement.
Je les laisse tout à leur bonheur et je vais consulter le registre dans lequel le maire a rédigé l’acte suivant:
« L’an mille huit cent quarante six et le dix sept du mois de juin à 4 heure du soir par devant nous Jean-Baptiste Comte maire de la commune de St Bonnet de Montauroux canton de Grandrieu départementde la Lozère, officier de l’état civil de la commune de St Bonnet sont comparus en la maison commune, Jacques Bonnefille âgé de vingt trois ans maçon domicilié à Grandrieu fils majeur et légitime à Joseph Bonnefille âgé de soixante ans maçon domicilié à Grandrieu et Claudine Giles sans profession âgée de vingt ans domiciliée à Tresbos de la dite commune de St Bonnet fille majeure et légitime à Pierre Giles décédé en dix huit cent quarante quatre et à Elisabeth Mercier âgée de cinquante ans ménagère domiciliée à Tresbos lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites devant la porte de la maison communale, savoir la première le sept et le second le quatorze du présent mois de juin, les publications du présent mariage ayant été faites à Grandrieu à pareils jours et heuresd’après le certificat de Mr le Maire. Aucune opposition au dit mariage ne nous ayant été signifiées et le père du futur époux ici présent ainsi que la mère de la dite épouse consentant l’un et l’autre au dit mariage faisant droit à la réquisition des futurs époux après avoir donné lecture des pièces ci dessus mentionnées et après avoir donné aussi lecture du chapitre VI du titre du Code Civil demandé au futur épouxet à la future épouse s’ils voulaient se prendre pour mari et pour femme. Chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Jacques Bonnefille et Claudine Giles sontunis par le mariage de quoi avons dressé acte en présence de Jean Pierre Barico âgé de soixante quatre ans, de Philippe Comte âgé de cinquante ans, de Dominique Brun agé de cinquante trois ans, de Joseph Richard âgé de trente ans cultivateurs tous habitants de St Bonnet qui ont signé avec nous. Les parties ayant déclaré ne savoir le faire dans ce registre. »
Puis je m’éclipse…
Je ne pouvais pas leur raconter leur vie commune qui commencerait par le décès de la mère de Claudine le 8 août 1846, la naissance de 9 enfants en 1847, 1850, 1852, 1855, 1857, 1860, 1862, 1865 et 1868 mais aussi la perte de leurs deux premiers enfants à l’âge de 5 ans.
Ils vivront 40 ans ensemble jusqu’à la mort de Claudine en 1886.