Je vous ai raconté la vie de Cécile Druesne née Becker jusqu’au 1er aout 1914 date à laquelle Jules Druesne son mari part à la guerre, puis vous avez pu vivre sa vie au quotidien par l’intermédiaire de la correspondance de son Jules jusqu’à sa mort le 22 décembre 1914. Tout au long de ses lettres Jules se soucie de sa femme s’il lui arrivait malheur. En particulier la veille de sa mort, peut-être sentait-il que la fin était proche, il écrit à son fils aîné Robert ceci:
« … Quant à maman, elle aura, si malheur m’arrivait à manœuvrer ferme pour sa pension qui je l’espère, complétée de services civils, militaires et
s’il y a lieu, d’autres actes militaires dont l’état est jusqu’à présent tenu à jour, la mettre en dehors du besoin. Mais pur la réussite de tout cela, pour ma quiétude aussi, il faut et j’exige paternellement que tu restes là…. »
Il voyait juste, Cécile a bataillé pour obtenir une pension et j’en ai trouvé trace dans le Rapport de M. le Préfet et délibérations du Conseil General dans la Séance du lundi 28 avril 1919 sous la Présidence de M. Denis, vice-président. Et je retrouve le nom de Cécile dans la partie:
Caisse départementale des retraites. — Situation. — Demandes de liquidation de pension. — Affaires diverses.
M. Jambois en est le rapporteur.
Puis
Arrérages complémentaires de la pension de retraite de Mme Becker (Cécile-Marie-Agathe), veuve de M. Druesne (Jules-Ernest-Edmond), secrétaire de direction à l’asile d’aliénés de Maréville, et de son fils mineur Gustave, pension que vous êtes appelés à réviser en exécution de de la délibération du Conseil général du 9 septembre 1918: …………………………..3.558Fr 25
Parce que les familles de ces morts pour la France ont traversé à leur tour des épreuves difficiles; comment vivre lorsque le chef de famille disparaissait. Cécile et son Jules avait prévu pour que tout se passe au mieux et Robert leur fils aîné était un médecin déjà installé. Restait Gustave (mon grand-père)âgé de 13 ans à la mort de son père et qui était d’une santé fragile après l’encéphalite léthargique dont il avait été victime à l’âge de 10 ans. Il devint ingénieur.
Après le mariage de Gustave en 1926 avec Germaine Silice, Cécile vécut seule rue Granville à Nancy. Avec parfois des mésaventures comme celle relatée dans l’Est Républicain du 13 juillet 1931:
« Jeanne Lehmann, épouse Seer, 22 ans, demeurant en garni Grande-Rue, détenait un tour de cou qui appartenait à une voisine, Mme Cécile Becker. La prévenue dit que cet objet fut trouvé dans la rue par un de ses enfants. – 50 francs avec sursis, après plaidoirie de M» Henriquot »
Dans les années 1950 mon père a habité chez elle pendant ses études de géomètre.
Cécile s’éteint en 1955, 41 ans après son Jules.