Magazine Humeur
Une photo/Deux cents mots présenté au Musée amérindien de Mashteuiatsh
Publié le 21 juin 2017 par OrageChristiane Laforge, écrivaine, membre de l'APES Carol Tremblay, photographe, membre du Club photo de Chicoutimijumelés pour le projet Une photo/Deux cents mots© Photo Dolorès Lavoie
Le projet : Une photo/Deux cents mots
Au printemps 2016, 20 écrivains, membres de l’APES, ont reçu une invitation à relever un défi : écrire 200 mots, ni plus ni moins, inspirés d'une photographie. L’auteur était jumelé à un photographe sans en connaître le nom ni le contexte de sa photo.
Le jumelage a été fait par un tirage au sort. Chef d'orchestre de ces 20 duos, Céline Dion nous écrivait alors :
On dit souvent qu’une photo vaut mille mots… j’espère que celle-ci saura vous en inspirer du moins jusqu’à 200, pas plus (199 peut-être, mais pas 201). Il s’agit pour vous d’écrire un texte littéraire, poétique — en vers ou en prose — un micro récit, une micro fiction, une nouvelle, un fragment, « une épisodie », etc.) inspiré de ladite photo.
C’est tout un défi, beaucoup plus difficile à relever qu’on ne pourrait le croire à première vue... 200 mots, c’est à la fois court et long. Chaque mot compte, chaque mot a un poids, chaque mot a sa place. On est à la fois dans la précision et le flou, à la fois dans le dit et le non-dit, à la fois dans la certitude et l’impression. C’est un concentré. Quoi qu’il en soit, le défi vaut assurément la peine d’être relevé, pour le seul plaisir de l’écriture, comme un véritable exercice de style.
© Photo Carol Tremblay
Regardez bien votre photo — c’est la vôtre, elle est à vous. Examinez ses détails, ses nuances, son atmosphère… laissez-la se déposer sur votre rétine, dans votre tête, laissez-la agir en vous, laissez-la vous travailler au même titre que le langage vous travaille. Laissez aller votre imagination vers l’imaginaire du photographe; parce que c’est ça que ça donnera sur le panneau d’exposition: la rencontre de deux imaginaires!!!
Sur le moment, j'étais perplexe. Ce paysage évocateur de paix, de tranquillité pouvait-elle convenir à mon humeur guerrière, en révolte au vu de tous les saccages autorisés sur les terres de notre terre? Pendant plusieurs semaine, chaque jour je méditais devant ces champs qui m'inspiraient le calme. Et soudain, j'ai vu les nuages la couvrant et les mots sont nés. Imagine
Temps immobile, capturé, captif, à jamais figé en noir et blanc.
Silence sur papier glacé, unique témoin d’un drame à venir.
Ère révolue sous les traits paisibles de champs balisés par rangées de pins.
Imagine le bruissement du blé mûr que fait tanguer le vent.
Ou sinon, des épis dressés, telles épées dérisoires
Contre un monde sourd au futur, le regard aveugle.
Vois cette belle image.
Et là, imagine. Imagine encore…
Une forêt vierge.
Arbres touffus de résineux et de feuillus.
Bouleaux, pins, érables aux branches enlacées
Uniquement blessés sous l’estoc d’une faune sauvage
Ou décimés par les feux des orages.
Jusqu’à ce jour de coups répétitifs et craquements de chute.
Arbres sacrifiés, racines arrachées
Pour creuser les sillons de champs féconds,
Aux rythmes des rides incrustées sur les visages d’hommes et de femmes
Semant leur avenir, un hier lointain.
Leur survie. Ton héritage.
Beauté. Temps immobile. Capturé.
À jamais figé en noir et blanc sur papier glacé.
Bâtiments des fermes dominent les grands champs bordés d’arbres courbés
Où les épis ondoient sous les vents en vagues dorées.
Témoins d’un rêve réalisé.
Imagine demain.
Rampant sous terre, l’avidité des minières et pétrolières souillant les eaux et saccageant ta terre.
Christiane Laforge
31 août 2016
Expositions itinérantes
Le but de ce projet de création Une photo/Deux cents mots de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES), en collaboration avec le Club photo de Chicoutimi, grâce au soutien du Conseil des arts de Saguenay consistait à faire à la fois œuvre littéraire et exposition. Réunir mots et photographies pour une exposition itinérante dont la première a eu lieu à la Bibliothèque de Chicoutimi, du 8 décembre 2016 au 22 janvier 2017. Par la suite à la Bibliothèque Georges-Henri-Lévesque de Roberval du 2 février au 25 mars; au Pavillon des croisières internationales à La Baie, au Musée Louis-Hémon de Péribonka et, depuis le 8 juin jusqu’au 3 septembre, à la salle Agora du Musée amérindien de Mashteuiatsh.
Alors, si vous passez par là, allez lire ou relire les 4000 mots qui sont exposés et regarder au passage les 20 photos inspirées du texte La ronde de Marie-Andrée Gil » invite Céline Dion, membre associé et administratrice de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES).
Marie-Andrée Gill a gagné le Prix littéraire Damase-Potvin 2015 dans la catégorie professionnelle pour son texte La Ronde .
En janvier, tout ce travail était publié sous la forme d’un calendrier de 20 mois, allant jusqu’en août 2018. Chaque mois agrémenté de la photo et de son texte.
Les participants Les photographes — membres du Club photo de Chicoutimi :
Emmanuelle Arth, Rodrigue Audet, Joane Dallaire, Stéphane Desmeules, Yvon Guignard, Mariane Lacroix, Dolorès Lavoie, Émilie Racine, Constance St-Gelais, Carol Tremblay, Catherine Tremblay, Pierre Tremblay, Régis Tremblay.
Les auteurs — membres de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES) :
Anne-Marie Allard, Claude Bouchard, Dany Boudreault, Dany Côté, Claire Gagnon, Line Gaudreault, Martin Giguère, Rachel Gilbert, Marie-Andrée Gill, Keven Girard, Julien Gravelle, Cynthia Harvey, Carl-Keven Korb, Christiane Laforge, Alain Larose, Christine Martel, Laurance Ouellet Tremblay, Gérald Savard, Emmanuel Simard, Sophie Torris, Véronique Villeneuve
Idéation, coordination et gestion du projet — Céline Dion
Comité de lecture, dirigé par Jean-Pierre Vidal avec Marjolaine Bouchard et Sophie Gagnon-Bergeron
Conception graphique — Marie-Claude Asselin de Conception MC
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Question
Cette exposition ne mériterait-elle pas de se promener aussi hors de la région? Une tournée des bibliothèques et de lieux de culture?