L'affiche même de Paterson révélait cette prédilection. Chaque jour de la semaine, une nouvelle figure de dormeurs était inventée : face à face, dos à dos, séparation ou entrelacement, dans la complicité des corps et une sensualité légère qui met l'érotisme à distance (aucune scène de sexe dans les deux films).
Only lovers s'ouvre aussi sur le sommeil : Adam et Eve sont séparés, l'un à Détroit, l'autre à Tanger, mais ils semblent liés par un même cycle biologique. La caméra en surplomb tourne autour d'eux, comme ce disque vinyle en surimpression sur le plan, jusqu'à ce que l’œil de chacun s'entrouvre.
Plus tard, quand ils se retrouvent à Détroit, un plan magnifique les réunit dans une nudité presque chaste, avec une identique carnation des corps, image de leur connivence essentielle, intacte depuis des centaines d'années.
Dans l'avion du retour vers Tanger, le sommeil une dernière fois les recouvrira de son ombre somme toute bienfaisante :