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«La Macronie, ou le syndrome de l’autruche»

Publié le 11 juillet 2017 par Observatoiredumensonge

«La Macronie, ou le syndrome de l’autruche»

Si de grands mots lancés sous de lourds décors font l'homme providentiel, alors en voilà un!


«La Macronie, ou le syndrome de l’autruche»

«La Macronie, ou le syndrome de l’autruche»

Par Ivan Rioufol

Ce n'est pas l'homme providentiel qui manque à la France, mais le courage de la vérité.

Emmanuel Macron a une vision pour la France: "Faire à l'homme enfin un pays digne de lui." Les amateurs de phrases creuses adorent l'idée. Si de grands mots lancés sous de lourds décors font l'homme providentiel, alors en voilà un! C'est à Versailles, lundi, que le chef de l'État s'est présenté en défenseur de "la cause de l'homme". Devant les parlementaires réunis en Congrès, il a dit vouloir "faire de notre pays le centre d'un nouveau projet humaniste pour le monde". Il a prêché une heure et demie, du ton enfiévré et parfois obscur qui a fait son succès lors de la campagne présidentielle.
De ce fatras, rien de lisible, hormis des réformes constitutionnelles déjà annoncées (réduction des parlementaires, introduction d'une part de proportionnelle, suppression de la Cour de justice de la République, etc.). "Ce que nous avons à accompagner, c'est une véritable révolution", a expliqué le Guide. Mais bien les Français en ont soupé des logorrhées qui détournent les regards de la dislocation en cours de la nation.
Avec Macron, la tromperie se confirme. L'innovation politique annoncée est, en fait, un retour à l'emphase et au pédantisme. Si elle devait se prolonger, cette caricature élitiste serait fatale au président. Hier, il ne jurait que par la société civile. Or celle-ci a du bon sens ; elle ne se laissera pas séduire par le vide. Oui, d'accord: Macron a eu l'opportun talent d'avoir mis à bas les vieux partis. En deux mois, il a rétabli la fonction présidentielle abîmée par Nicolas Sarkozy et plus encore par François Hollande. Ce succès doit tout à sa maîtrise intelligente des symboles du pouvoir. Reste néanmoins le spectacle d'un ambitieux guidé par son destin. La photo officielle révèle un narcissisme: Macron y est debout devant le bureau présidentiel, un bout de fesse posé sur la tranche du meuble trophée, comme un "winner" poserait négligemment le coude sur une cheminée d'apparat.
Faut-il ici rappeler au président l'inquiétude d'une large partie de la France ?
Une étude (Le Monde, mardi) rappelle que l'immigration est décriée par 65 % des sondés ; 74 % estiment que l'islam "cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres". Lors de la visite d'un pôle de start-up, à Paris, Macron a parlé des "gens qui ne sont rien". Il les a comparés aux jeunes entrepreneurs, ses semblables, qui baignent dans la mondialisation, ses anglicismes, son monde à part. C'est à ce mépris involontaire que se mesure la distance entre le président optimiste et ceux qui craignent pour leur avenir dans leur propre pays. Un sondage du JDD montre, à rebours du discours dominant, que les gens sont moins préoccupés par le chômage (36%) que par la montée de l'islam radical (61%). Ces défis devraient mobiliser l'État. Ils n'ont été que survolés par Macron. Idem pour Édouard Philippe, mardi, devant les députés. Ce "populisme" ennuie la Haute-Macronie.
Une politique ne peut se contenter de faire l'éloge des "battants", ce retour aux années Tapie. Les inconditionnels qui répètent que Macron est un génie car il a dynamisé l'image de la France à l'étranger n'ont que partiellement raison. Ils négligent de s'arrêter à ces citoyens, la majorité, qui ne croient pas en une politique euphorique qui ignore leurs détresses. De surcroît, imiter Barack Obama à ce point limite la créativité qui est prêtée au chef de l'État. Non seulement il n'invente rien, mais il recycle une approche hors-sol qui a été rejetée par les Américains. Donald Trump doit tout au refus, par l'électorat populaire, de ce monde conçu pour les favorisés. Parlant de Jeanne d'Arc, en mai 2016 à Orléans, Macron s'était identifié à la Pucelle: "Elle sait qu'elle n'est pas née pour vivre mais pour tenter l'impossible (...) Elle porte sur ses épaules la volonté de progrès de tout un peuple". Mais Jeanne se battait contre l'ordre établi. Avec Macron, le Système (sa technocratie et son conformisme) a trouvé son protecteur. Il est l'homme d'un statu quo.
Tête dans le sable
Ce n'est pas l'homme providentiel qui manque à la France, mais le courage de la vérité. Macron l'a pressenti, lundi, en dénonçant "le déni des réalités, ce refus de voir le réel en face". Cependant, le président a aussitôt abandonné ce terrain révolutionnaire pour lui préférer ses envolées lunaires. Certes, le chef de l'État n'a pas de pudeurs déplacées pour évoquer le "terrorisme islamiste". Pourtant, ce sujet essentiel n'est pas creusé, ni celui de la place de l'islam dans la République. Les mots employés à Versailles laissent entrevoir la tentation du recul devant une idéologie portée en France par le salafisme et les Frères musulmans: des courants que le président se garde de désigner comme dangereux. En avalisant la "politique de l'inclusion de tous", Macron fait comprendre qu'il renonce à l'assimilation et à l'intégration, ces processus refusés par l'islam conquérant. Son désir d'"adapter nos politiques aux réalités locales" est aussi une porte ouverte au séparatisme culturel.
Cette capitulation habite également le premier ministre. Mardi devant l'Assemblée nationale, Philippe s'en est pris aux "autruches" qui réfutent les causes du réchauffement climatique. Mais lui-même garde la tête dans le sable pour tout ce qui a trait aux bouleversements identitaires qui fragilisent la nation. Il s'inquiète du "fossé" qui sépare la France des métropoles mondialisées et la France rurale (dite périphérique). Mais il n'a pas un mot pour alerter sur la contre-société qui s'islamise et a déjà rompu avec la communauté nationale. Philippe se garde de faire comprendre que son plaidoyer pour la laïcité s'adresse aux musulmans qui l'instrumentalisent. Cette laïcité, il dit vouloir la faire respecter "sans outrances", mais de manière "déterminée". Cette notion d'outrance, qui n'est qu'une fermeté, est l'argument de l'islam quand il négocie ses arrangements avec la République. La Macronie, qui se dit "conquérante", ne fera pas obstacle à l'islam politique.
Immigration: attendre les actes
Rien n'arrêtera non plus l'immigration de masse, cet autre sujet oublié. Quelque 100.000 "migrants" ou "réfugiés" sont arrivés depuis janvier en Europe. À terme, une nouvelle invasion africaine se profile. Macron, qui a applaudi la démentielle politique d'accueil d'Angela Merkel, assure que les réfugiés économiques seront reconduits. Mais il le fait si vaguement que seuls les actes prouveront sa détermination. Les paris sont ouverts.

«La Macronie, ou le syndrome de l’autruche»
IVAN RIOUFOL

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