Chute record de popularité: est-ce vraiment « normal »?

Publié le 02 août 2017 par Observatoiredumensonge

Macron fait mieux que les autres même dans sa chute de popularité

Chute record de popularité: est-ce vraiment " normal "?

Par Maxime Tandonnet

Le président de la République connaît une chute record de sa popularité (-10%), de 62% à 52% en un mois selon VSD, c'est-à-dire encore plus forte et plus spectaculaire que celle de tous les anciens chefs de l'Etat avant lui. M. Hollande affirme que le phénomène est " inévitable ". Pour la plupart des commentateurs, les choses sont " normales ". A mes yeux, cette banalisation est au contraire inacceptable. Elle marque le début d'une débâcle déjà annoncée depuis déjà longtemps. Elle est le signe d'un monstrueux dévoiement des institutions de la République, qui s'accélère de décennie en décennie et précipite la vie politique dans un abîme d'impuissance.
Le chef de l'Etat est en principe élu par le peuple sur un acte de confiance et d'adhésion. Il est l'homme du destin. Dès lors que la confiance s'effondre juste après avoir été accordée, les Français sont victimes d'un dol comme disent les juristes. En principe, le rôle du président est d'incarner le pays, son avenir, sa grandeur, son prestige international, sa sécurité, son destin, dans un esprit d'unité, de sagesse et de vision, de lui donner un cap. C'est cela un chef de l'Etat et rien d'autre. Son premier devoir est d'être populaire, c'est-à-dire reconnu et source d'estime et de confiance. Un président malaimé, voire rejeté par le peuple est le signe d'une rupture de la confiance. Il revient en revanche au Premier ministre et à son gouvernement de définir, d'exprimer, de mettre en oeuvre et d'assumer une politique, donc l'impopularité, avec le soutien et sous le contrôle de l'Assemblée nationale. D'où la distinction entre les fonctions de chef de l'Etat et de Premier ministre ou de gouvernement, vitale pour le bon fonctionnement de la politique nationale.
Mais tout se mélange, tout se confond dans le grand faisceau d'une surexposition médiatique et un étrange courant de bêtise et d'inculture politique notamment dans les plus hautes sphères de l'Etat. Le régime de culte de la personnalité dont la France s'enivre, la France médiatique, politique, élitiste, cette idée qu'un reflet médiatique, l'image du visage d'un homme concentre à elle seule l'ensemble de la responsabilité publique est la porte ouverte vers l'impuissance, l'humiliation et la déchéance. Elle a l'avantage de la facilité, de la simplicité, mais relève de la plus totale illusion: dans nos société complexe, un seul homme ne maîtrise presque rien. Elle donne l'illusion de l'autorité et de l'efficacité. Mensonge grossier et vulgaire: en précipitant le visage, censé incarner le pouvoir, dans un abîme d'impopularité (censé être responsable de tout), elle condamne la politique française à la défiance, au dégoût, au rejet populaire, donc inévitablement à la crise d'autorité et de confiance et au gouffre de l'échec permanent. Le même passage de l'idolâtrie hébétée au statut de bouc émissaire national se reproduit, de présidence en présidence, désastreux pour le moral des Français et l'autorité de l'Etat, dans l'aveuglement général... Une lueur de lucidité peut-elle un jour jaillir de quelque part?

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

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La démission est un geste extrêmement rare pour un haut responsable public. En général, le réflexe normal d'un grand patron de l'armée, de l'administration ou de la justice en disgrâce est de s'accrocher le plus longtemps possible à son rocher afin d'en retirer le maximum d'avantages personnels. La démission a une signification forte: mes convictions, mon sens du bien commun sont supérieurs à ma carrière. Je ne suis pas d'accord et j'en tire les conclusions qui s'imposent. Vainement, je cherche dans ma mémoire des exemples de ce type, mais aucun ne me vient à l'esprit. Il doit bien y en avoir, mais ma mémoire me fait ici défaut. Les ministres démissionnaires abondent, mais ce n'est pas la question: le ministre qui quitte son poste volontairement, agit le plus souvent avec une arrière-pensée à l'esprit, notamment celle de se désolidariser d'un fiasco politique et de se lancer dans le projet d'une élection présidentielle. Le haut responsable public qui démissionne est dans une toute autre approche: il sacrifie délibérément sa carrière au nom de sa conception de l'intérêt général, du bien public. Sa vision de l'intérêt général l'emporte sur son intérêt privé. Le message est sulfureux dans une France d'en haut rongée par le culte de l'ego. A l'heure où la vie publique française est plongée dans une vague d'obsession narcissique mélangé à un instinct grégaire qui fait froid dans le dos, le geste de Pierre de Villiers, en écho à la tragédie de la France, est digne d'un homme d'Etat.

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