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La France plus que jamais championne de l’impôt

Publié le 05 août 2017 par Observatoiredumensonge
La France plus que jamais championne de l’impôt

Le jour de "libération fiscale", à partir duquel les contribuables ont fini de payer tous leurs prélèvements et commencent à travailler pour eux, arrive le 29 juillet, après toute l'Europe.

Les années passent et, malheureusement, se ressemblent. En 2017, à l'issue du quinquennat Hollande, la France a sans surprise conservé le bonnet d'âne du pays le plus fiscalisé et taxé socialement de l'Union européenne, selon l'étude annuelle de l' Institut économique Molinari (IEM) dont Le Figaro publie les résultats en exclusivité.
D'après les calculs pour la huitième année consécutive de ce think-tank libéral franco-belge, établis à partir de données du cabinet EY, les salariés français seront en effet "libérés " de leurs obligations fiscales et sociales ce samedi 29 juillet et pourront donc, enfin, bénéficier à leur guise de leurs revenus, jusqu'ici captés pour financer la Sécu, l'État et leurs multiples ramifications!

Deux mois et demi après les Britanniques

Cette "libération", dont la date n'a pas bougé depuis deux ans, intervient deux jours plus tard que celle de nos voisins belges, également très mauvais élèves, mais 20 jours après celle des Allemands et avec 2,5 mois de retard sur les Britanniques. Les contribuables chypriotes, les premiers de la classe européenne, travaillent de leur côté pour eux-mêmes depuis le 27 mars! Au total, sur les 28 membres de l'Union européenne, sept pays - France, Belgique, Autriche, Allemagne, Grèce, Italie et Hongrie - affichent une date de "libération fiscale" après le 30 juin et demandent donc à leurs salariés de passer plus de temps à travailler pour la sphère publique que pour eux-mêmes.

Le concept du jour de "libération fiscale" (Tax Freedom Day) a été façonné dans l'après-guerre aux États-Unis. Il y nourrit depuis les débats sur la juste place de l'État dans l'économie. L'économiste libéral Milton Friedman l'a popularisé dans les années 1980. En France, la notion reste relativement neuve. Deux think-tanks s'en sont emparés depuis quelques années: l'IEM donc et l'association Contribuables associés, qui, malgré des méthodes différentes de calcul du poids des prélèvements obligatoires, ont des conclusions proches. Contribuables associés a ainsi fixé le jour de libération fiscale 2017 au 24 juillet, cinq jours avant l'IEM.

"La pression fiscale et sociale française ne s'explique pas par une offre plus attractive"

Institut économique Molinari (IEM)

Dans le cas français, le "salaire complet" (salaire brut additionné des charges patronales, selon la nomenclature de l'IEM) moyen apparaît plutôt élevé, à 56.499 euros. Mais il est grevé par un total de charges et impôts de 32.437 euros, d'où un taux de socialisation et d'imposition réelle de 57,4 % qui, rapporté à un calendrier de 365 jours, donne la date du 29 juillet. Pour disposer d'un pouvoir d'achat de 100 euros, un Français doit dans ces conditions s'acquitter de 135 euros de charges et d'impôts, nettement plus qu'un Britannique (54 euros), un Espagnol (76 euros), un Italien (106 euros) ou un Allemand (110 euros).
Les résultats de l'IEM ne surprennent pas. Par sa méthode originale de présentation, l'institut aboutit in fine aux mêmes résultats que la Commission européenne, qui estime que la France a atteint, en 2016, le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé d'Europe, devant le Danemark. Une envolée hexagonale qui s'explique essentiellement par une hausse continue, ces dernières années, de la fiscalité du capital et des cotisations patronales.

Bien-être relatif

Le concept de jour de libération fiscale est régulièrement critiqué par des économistes au motif qu'il peut paraître limité de comparer les prélèvements de pays qui n'offrent pas en retour les mêmes services publics: éducation, santé, retraite, sécurité... "Le jour de libération fiscale est un indicateur de liberté de choix, tempère Cécile Philippe, la présidente de l'IEM. En France, les salariés n'ont pas le choix pour 57 % de leurs revenus. Notre but est de faire de la pédagogie sur ce point et de fournir des informations au grand public."
Afin de renforcer la pertinence de son analyse sur le poids des prélèvements, l'IEM s'est penché en parallèle sur le sujet central du bien-être apporté par les dépenses publiques de chaque État. Résultat? Son diagnostic est particulièrement cruel pour la France! "La pression fiscale et sociale française ne s'explique pas par une offre plus attractive", estiment ainsi les auteurs de l'opus 2017. Et les mêmes d'enfoncer le clou, en arguant que "les prestations sociales et publiques françaises ne sont pas bon marché". Plusieurs indicateurs internationaux appuient d'ailleurs leur démonstration. La France est ainsi classée 15e sur les 28 pays de l'Union européenne, selon un classement de la Banque mondiale, sur la facilité de faire des affaires dans le pays.
Plus frappant encore, l'indicateur du "vivre mieux", lancé en 2011 par l'OCDE afin de comparer les pays en termes de bien-être, accorde des performances très médiocres à la France, dans sa dernière version de 2015. Au sein de l'Union européenne, 10 pays, dont la Belgique, l'Allemagne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, affichent de meilleurs résultats et ce, malgré une pression fiscale... inférieure.

Anne de Guigné

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