Celui qui comme Darwin (le barbu simiesque évolué) considère que l'imagination est le premier levier de l'émancipation de Sapiens / Celle qui est devenue Reine des abeilles en butinant dans les ouvrages de science domestique et bocagère / Ceux qui refont le monde à l'image de Dieu pour y croire / Celui qui reprend la lecture de De la curiosité d'Alberto Manguel où il retrouve volontiers Montaigne le sceptique et Dante l'antiseptique / Celle qui laisse son imagination décider de tout ce que sa raison cherche à lui dicter en logique plate / Ceux qui ont le sens de la féerie à peu près aussi inexistante sur les réseaux sociaux que dans les livres qui cartonnent / Celui qui emmène son enfant dans la forêt pour lui montrer les fées sans ouvrir les yeux / Celle qui a toujours imaginé le pire en sorte d'accueillir le meilleur comme il sied à une bonne personne au fonds démoniaque typique de toute petite fille bien élevée / Ceux qui se rappellent les sages paroles de ce fou de Job / Celui qui trouve dans La Forêt du mal de son ami Gérard Joulié (L'Age d'homme, 2012) des pages sur Proust d'une pénétration rarissime / Celle qui ne s'est jamais senti mal dans la forêt des pêchers aux fruits délicieux / Ceux qui sont curieux des pires choses dont ils tirent le meilleur sous forme de romans échappant à la niaiserie d'époque / Celui qui ne voit pas trace d'imagination dans la plupart des romans formatés pour la meute / Celle qu'on dit la princesse des sitcoms sponsorisées par Calvin Klein le petit luthérien en jockstrap / Ceux dont l'imaginaire se nourrit de fantastique social / Celui qui trouve dans la réalité en tant que telle un insondable puits aux images / Celle qui tient son imagination en laisse dans la salle d'attente de sa thérapeute avant le lâcher des fantasmes sur la vilaine inspectrice / Ceux qui n'ont pas laissé leur imagination créer un monde meilleur crainte de s'ennuyer, etc.
Image: Aloyse Corbaz.