Magazine Journal intime

"Surtout, ne te relâche pas !"

Publié le 29 juin 2008 par Mirabelle
Accepter qu'une relation ait échoué, c'est accepter la réalité, sans plus la questionner, sans plus essayer de comprendre. Je n'en suis pas encore là. Faire le deuil, c'est ne plus se demander comment on a bien pu faire pour en arriver là, pour que tout se casse brusquement la gueule, d'un coup, sans qu'on ait rien vu venir. Faire le deuil, je m'en aperçois, c'est une infinité d'efforts à faire, une infinité de détails à combattre dans une journée, c'est recommencer avec le même courage, la même volonté de l'oublier, chaque jour qui passe. Je vais de mieux en mieux, c'est vrai. Je suis plus solide que ce que je croyais, c'est vrai. Des morceaux de ciel se sont abattus sur ma tête depuis quelques temps et je me sens comme le coyote dans les dessins animés, vous savez, celui qui reçoit des enclumes sur le coin du crâne et s'enfonce peu à peu dans le sol qui se fissure. Mais il s'en sort toujours, le coyote, malgré toutes les enclumes, et les coups de poing et toutes les baffes qu'il peut se prendre. Au fond, pour moi, c'est un peu pareil. La vie poursuit son cours. Je ne me précipite pas, quel que soit le domaine. Il est toujours là, par éclairs, comme dans une petite boîte que j'ouvre de temps en temps et que je referme aussitôt parce que je ne veux pas me souvenir. Je sais que je n'ai pas encore fait mon deuil. J'essaie encore de comprendre, malgré moi. Je ne peux pas m'en empêcher. On me dit d'accepter, que c'est comme ça. J'ai encore besoin d'explications, de démêler le vrai du faux, alors que, j'en suis consciente, ça ne changera rien. C'est ça, le plus dur à accepter. Ne pas comprendre comment il a pu ainsi virer de bord, sans une explication, sans une excuse, rien. Sans une once de respect pour moi. Et je sais que je n'ai rien à regretter pourtant, étant donné la façon lamentable dont il m'a évacuée de sa vie. J'ai cependant encore de la peine à l'idée qu'il ait pu salir, sans le moindre scrupule, en me mentant sans vergogne, quatre années d'une relation où nous avons grandi ensemble, fait nos premiers pas dans le métier ensemble, connu notre premier logement indépendant ensemble. Certains diront que je m'accroche à des souvenirs, que je les idéalise, et ma foi, ils auront probablement raison. Je sais qu'il ne vaut certainement pas toute l'encre qui coule encore, tous ces mots que j'ai besoin de coucher sur le papier, mais je ne veux pas nier mon désarroi, ni me lancer à corps perdu dans une relation en espérant panser mes blessures. Je ne veux pas me mentir à moi-même, ni me forcer à quoi que ce soit pour me prouver que l'on peut m'aimer encore. Je patiente. Et je commence à admirer le fruit de mes efforts : je n'ai plus de nouvelles depuis un fameux message hypocrite à souhait (coup classique du fautif qui tente de se déculpabiliser : "Je t'aime et je t'aimerai toujours, je ne suis pas prêt de t'oublier" et blablabla), et c'est très bien comme ça. Les jours recommencent à ressembler à des jours, et non à des minutes interminables où je ne fais que penser à lui. La semaine reprend peu à peu une tonalité neutre rimant avec "liberté" et non plus avec "solitude". Comme je l'écrivais l'autre jour sur un livret d'évaluation : "Ensemble en progrès, même si des difficultés subsistent. Surtout, ne te relâche pas !"

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